mardi 29 avril 2014

Libre d'apprendre blog 02, L'enfant s'éduque lui-même 1; Aperçu de quelques évidences

L'enfant s'éduque lui-même, 1 : Aperçu de quelques évidences

L'enfant est conçu par nature pour s'éduquer lui-même
Publié le 16 Juillet 2008 par Peter Gray
Source : http://www.psychologytoday.com/blog/freedom-learn/200807/children-educate-themselves-i-outline-some-the-evidence


En tant qu'adulte nous avons certaines responsabilités envers nos enfants et le monde de l'enfant. Il est de notre responsabilité de créer un environnement sécurisant où la santé et le respect est encouragés dans lequel l'enfant peut se développer. Il est de notre responsabilité que l'enfant est accès à une nourriture saine, de l'air frais, des espace de jeux non toxique et un grand nombre d'opportunités d’interaction avec d'autres personnes dans le spectre complet des âges. Il est de notre responsabilité que nous soyons des modèles d'humanité honnête. Mais il y a une chose dont nous ne devrions pas nous occuper ni nous soucier est la façon dont on éduque un enfant.

Nous n'avons pas à nous soucier du programme, de planifier les cours, de motiver l'enfant à apprendre, à le tester ou l'examiner et tout le reste qui se trouve sous la rubrique, pédagogie. Orientons plutôt cette énergie vers la création d'environnements décents dans lequel l'enfant peut jouer. L'éducation de l'enfant est de la responsabilité de l'enfant, pas la nôtre. Seulement eux peuvent la prendre en main. Ils sont conçus pour ça. Notre tâche concernant l'éducation est de prendre du recul et la laisser se dérouler. Plus nous essayons de la contrôler, plus nous interférons.

Quand je dis que l'éducation est de la responsabilité de l'enfant et qu'ils sont par nature conçus pour assumer cette responsabilité, je n'attends pas de vous que vous ayez une foi aveugle en cette affirmation. Nous vivons dans un monde où cette affirmation n'est pas une vérité évidente en soi comme elle put l'être. Nous vivons dans un monde dans lequel presque tous les enfants et adolescents sont envoyé à l'école à un âge de plus en plus jeune et en sort de plus en plus tard tandis que la notion « d'école » possède un certain sens standardisé. Nous mesurons l'éducation en termes de résultats d’examen et du succès à avancer dans le système scolaire d'un niveau à un autre. Alors naturellement nous en venons à penser automatiquement que l'éducation est quelque chose réalisé à l'école et qui concerne des spécialistes entraînés à l'art et à la science de la pédagogie, qui savent comment mettre un enfant dans la bonne direction qui transformera leur potentiel brut en un produit instruit.

C'est pourquoi, je prends sur moi la tâche de présenter les preuves pour appuyer mon affirmation. La façon plus directe d'approcher ces preuves viennent des milieux où l'on peut observer les enfants s'éduquer eux-même sans rien qui puisse faire penser à de la scolarisation. Ici sont présenté trois milieux que je développerai lors des trois prochains acomptes de ce blog hebdomadaire.

1. Une part immense de l'éducation de l'enfant se produit avant que l'école ne commence. La preuve la plus évidente de la capacité de l'enfant à s'auto-éduquer, disponible à chacun ouvrant les yeux, viens de l'observation des enfants dans leurs quatre ou cinq premières années de vie, bien avant que qui que ce soit n'essaye de manière systématique à leur enseigner quelque chose. Pensez à tout ce qu'ils apprennent dans cette période. Ils apprennent à marcher, à courir, à sauter, à escalader. Ils apprennent les propriétés physiques et comment manipuler tous les objets qui sont à leur portée. Ils apprennent leur langue maternelle, ce qui est sûrement l'une d'est tâche cognitive les plus complexes que chaque être humain apprend à maîtriser. Ils apprennent la psychologie de base des autres personnes, comment leur plaire, comment les ennuyer, comment obtenir ce qu'ils ont besoin et ce qu'ils désirent. Ils apprennent tout cela non pas par des leçons fournies par qui que ce soit, mais à travers leur propre liberté à jouer, leur curiosité insatiable et leur attention naturelle au comportement des autres personnes. Nous ne pouvons les arrêter d'apprendre tout cela et bien plus à moins de les enfermer et de les isoler dans des placards.

2. Les enfants des cultures de chasseur cueilleurs deviennent des adultes épanouis sans aucune scolarisation. Pendant la plus grande partie de l'existence de l'humanité, nous avons vécu en relativement petits groupes nomades cherchant de la nourriture. Les fondements de notre nature humaine (incluant notre sens du jeu, de la curiosité et de toute notre adaptation biologique pour l'apprentissage) ont évolué dans le contexte de cette façon de vivre. Quelques groupes de chasseurs-cueilleurs ont survécu et maintenu leur culture intacte jusqu'à aujourd'hui. Les anthropologistes qui ont étudié de tels groupes (en Afrique, en Asie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du sud et ailleurs) ont trouvé de remarquables cohérences entre elles dans leurs attitudes à l'égard des enfants. Dans toutes ces cultures, les enfants et adolescents ont la permission de jouer et de suivre leur propre intérêt, sans qu'aucun adulte n'interfère et cela de l'aube au coucher, chaque jour. La croyance de ces personnes, portée par des milliers d'années d'expérience, est que les jeunes personnes s'enseignent elles-même à travers le jeu et l'exploration et qu’ensuite, lorsqu'elles sont prêtes à le faire, commence naturellement à mettre en application ce qu'elles ont appris avec comme objectif de bénéficier à l'ensemble du groupe. À travers leurs propres efforts, les enfants chasseurs-cueilleurs acquièrent l'énorme collection de compétences et de connaissances dont ils ont besoin pour être des adultes épanouis dans leur culture.

3. Les enfants de certaines « écoles non-scolaire » dans notre culture deviennent des adultes épanouis sans aucune scolarisation conventionnelle. J'ai observé des enfants et adolescents de l'école Sudbury Valley à Framingham au Massachusetts pendant plusieurs années. L'école a été fondé il y a quarante ans par des personnes qui croyaient en l'éducation d'une façon remarquablement similaire à celle des chasseurs-cueilleurs. L'école est à destination des enfants âgés de quatre ans jusqu'à l'âge de la fin du lycée, et rien dans son fonctionnement ne ressemble à une école typique. Il s'agit d'une école structurée démocratiquement dans laquelle l'enfant a véritablement le même pouvoir que les adultes et dans laquelle les étudiants apprennent entièrement à travers leurs propres activités auto-dirigées. Il s'agit essentiellement d'un environnement sécurisé dans lequel les jeunes personnes peuvent jouer, explorer, assumer des responsabilités et interagir librement avec les autres à travers le panel entier des âges. Il n'y a pas d'examens, pas d'étoile en or ou d'autres récompenses de ce genre, pas de réussite ou d'échec, pas de cours requis ou obligatoire, pas de coercition ou de flatterie séduisante pour les pousser à apprendre, aucune attente que l'équipe soit responsable de l'apprentissage de l'enfant. Jusqu'à maintenant, des centaines de jeunes personnes se sont éduqués elles-même dans cet environnement. Et ils ne sont pas devenus des chasseurs-cueilleurs mais des artisans, des artistes, des chefs de cuisine, des médecins, des ingénieurs, des entrepreneurs, des avocats, des musiciens, des travailleurs sociaux et des concepteurs informatiques. Ils peuvent être trouvés dans l’éventail complet des carrières que nous valorisons dans notre culture.

Dans mes trois prochains acomptes, j'élaborerais, un par un, chacune de ces trois sources de preuves concernant la capacité des jeunes personnes à s'auto-éduquer. Maintenant, s'il vous plaît, répondez dans les commentaires plus bas pour partager vos propres arguments et expériences.

dimanche 27 avril 2014

Libre d'apprendre blog 01, Apprendre nécessite la liberté : Introduction à un nouveau blog concernant le jeu, la curiosité et l'éducation.

Apprendre nécessite la liberté : Introduction à un nouveau blog concernant le jeu, la curiosité et l'éducation.

Quand davantage de scolarité nous éloigne de la réponse.
Publié le 9 Juillet 2008 par Peter Gray

De partout de nos jours nous voyons des politiciens et des experts argumenter en faveur d'une scolarisation plus restrictive. Bien sûr ils n'utilisent pas le mot « restrictif » mais c'est bien cela qui apparaît en filigrane dans leurs propositions. Ils souhaitent des examens plus standardisés, plus de devoirs à la maison, plus de surveillance, des journées et des années d'école plus longues, des sanctions contre les enfants qui prennent une journée ou deux de congé avec leur famille. Il s'agit d'un domaine dans lequel les politiciens de tous les grands partis et à tous les niveaux du gouvernement semblent être en accord. Plus d'école et plus de rigueur à l'école sont toujours mieux que moins d'école et moins de rigueur à l'école.

L'école et l'éducation (qui dans l'usage est devenue synonyme de scolarisation) sont des termes entourés d'un halo de sainteté. Ils sont a priori bon et aucune preuve dans cette logique commune ne vient s'opposer à la valeur qu'apporte davantage de scolarisation. Si les enfants apprennent des choses, nous en remercions l'école. S'il ne semble pas apprendre quoi que ce soit, cela signifie qu'ils ont besoin de plus de scolarité. Si l'économie ne se porte pas bien, la cause en est certainement le manque d’effort que nous mettons dans la scolarité. Si l'économie va bien cela confirme et justifie une scolarisation que l'on se doit alors d'amplifier pour obtenir de meilleurs résultats.

Si la connaissance est en expansion à une allure de plus en plus rapide, alors nous pensons devoir exiger de la part des élèves qu'ils étudient davantage de sujets. Si le monde d'aujourd'hui nécessite une pensée critique, nous pensons devoir ajouter la pensée critique à la longue liste de ce que nous enseignons et validons par des examens. Si nous croyons que les êtres humains ont des « intelligences multiples », alors nous pensons devoir toutes les énumérer séparément et améliorer chaque intelligence en chaque personne. Si nous trouvons une valeur à l'égalité alors nous croyons que chacun doit étudier le même programme et avoir les mêmes examens, ainsi nous les « faisons égaux » (oubliez cette idée qu'il y a derrière la fondation de la démocratie où les personnes peuvent être différentes tout en ayant chacun la même valeur).

Mais qu'est-il arrivé à cette idée que l'enfant puisse apprendre librement par ses jeux et ses explorations ? Toutes les théories sérieuses sur l'apprentissage, à partir de celle de Piaget, posent comme base que l'apprentissage est un processus actif sous contrôle de celui qui apprend lorsqu'il est motivé par la curiosité. Les éducateurs partout admettent ces théories du bout des lèvres et continuent ensuite à créer des écoles qui empêchent l'autodétermination par le jeu et l'exploration. Chacun d'entre-nous sait parfaitement que, si nous arrêtons de penser à toutes nos idées, que nos plus grandes leçons ne sont pas celles que l'on apprend dans « un jardin d'enfants » pas plus que celles que nous avons appris pendant des cours plus tard. C'est plutôt les leçons que nous avons apprises quand nous nous sommes donné à nous-même le luxe de suivre pleinement nos propres intérêts et pulsions par le jeu. Par ce moyen nous avons acquis les aptitudes, les valeurs, les idées et les informations qui resteront avec nous toute la vie, pas seulement jusqu'au prochain examen. Et ce qui est peut-être le plus important, nous avons ainsi découvert ce qui est le plus important pour nous, ce qui nous plaît vraiment et cela est le premier pas pour trouver la carrière qui nous convient.

À chaque fois où nous ajoutons une autre heure du temps de l'enfant qu'il doit consacrer dans une école ou sur ses devoirs, à chaque fois que nous les contraignons ou les persuadons de suivre la direction choisie par l'adulte dans leurs activités parascolaires, nous les privons davantage d'opportunités pour jouer, explorer, réfléchir et expérimenter les joies et les frustrations de l'auto-direction. Avec chaque nouvelle restriction nous les poussons davantage dans le système de la scolarisation, en mettant à l'écart toujours plus de jeunes gens qui ne peuvent ou n'accepterons pas de telles restrictions. Les garçons en particulier sont de plus en plus réticents à accepter les contraintes de la scolarisation. Et c'est pourquoi les garçons bien souvent et de diverses façons, l'abandonne.

J'ai enseigné pendant une longue période dans une université sélective. Les étudiants qui viennent dans mes cours avaient une moyenne élevée au lycée. Mais ils ne viennent pas en connaissant grand-chose des sujets qu'ils ont étudié. Ils ont eu des notes élevées parce qu'ils sont brillants et ont eu la motivation suffisante d'aller de l'avant au sein des procédures standard. Ils trouvent ce qu'ils ont besoin pour réussir à atteindre les hautes notes et font ce qui est nécessaire. Ils trouvent comment passer correctement les examens sans en apprendre trop sur le sujet. Ils apprennent comment garder l'information dans la forme souhaitée par le professeur juste assez longtemps pour passer l'examen.

Je n'ai pas d'objection envers les étudiants qui entre dans mes cours sans savoir grand-chose. L'information est facile à trouver et facile à fournir. Si les étudiants découvrent qu'ils ont besoin de savoir quelque chose pour élargir leurs recherches en rapport à ce que je dis ou ce qu'ils lisent, ils peuvent demander ou chercher par eux-même. Je suis simplement désolé qu'ils aient gâché tant de temps à l'école quand il aurait été certainement préférable pour eux qu'ils jouent et découvrent ce qui les intéresse vraiment. S'il en avait été ainsi, ceux qui ont décidé de venir à mon cours auraient de bonnes raisons de le faire et les autres auraient de bonnes raisons de choisir une autre route. Les étudiants qui ont exploré et poursuivi ce qui les intéressait vraiment pendant leurs études sont rares et charmants, ils ne négligent pas leur première année d'université.

Je connais aussi des adolescents qui sont actuellement au lycée. Certains sont de « bons étudiants » et d'autres ne le sont pas. Ce que j'ai observé est que les deux groupes sont également cyniques à propos de l'école. Les « bons étudiants » n'admettent peut être pas leur cynisme ou ne l'identifie pas comme tel, mais il s'agit bien de cela. Il se manifeste de lui-même à chaque raccourcies qu'ils prennent pour obtenir une bonne note. Il se manifeste lui-même quand ils disent, alors qu'ils demandent de l'aide, « la seule chose dont j'ai réellement besoin n'est pas de comprendre, mais d'avoir la bonne réponse. »
Nous pourrions rendre meilleure la vie pour les enfants et améliorer l'apprentissage, et cela avec beaucoup moins de dépenses que les coûts actuels de l'école, si nous développons un environnement où l'enfant peut jouer en sécurité, interagit librement avec une large palette de personnes et poursuivent leurs propres intérêts. Je le sais car je l'ai vue et je vous parlerais de certains de ces sujets dans de futurs acomptes.

J'ai commencé ce nouveau blog, libre d'apprendre, parce que je suis particulièrement préoccupé de l'état de l'éducation et du déclin des opportunités pour l'enfant de jouer et explorer. Je suis un professeur de psychologie de l'évolution et du développement où mon intérêt principal se tourne vers les voies naturelles d'apprentissage chez l'enfant et l'adulte. Dans ce premier acompte j'ai posé les bases de mon point de vue. Dans des acomptes futurs, j'ai l'intention d'étayer cette opinion avec des articles qui couvriront les questions suivantes :

*Pourquoi l'être humain est l'animal le plus joueur ?
*Qu'est-ce que nous voulons dire quand nous disons qu'un esprit joueur est un esprit ouvert à l'apprentissage ?
*Est-ce que le jeu est l'opposé du travail ? (À quel moment l'est-il et quand ne l'est-il pas?)
*Quel est le but de la curiosité dans l'évolution ?
*Qu'est-ce qu'il arrive à la curiosité d'un enfant quand il grandit ?
*Qu'est-ce qu'un enfant et un adolescent veulent dire lorsqu'ils disent, « Je m'ennuie » ?
*Quelle est la valeur du mélange des âges dans l'apprentissage d'un enfant ?
*Les enfants « ont-ils besoin d'une structure » ? (Bien sûr, ils en on besoin, mais de quelle sorte de structure?)
*Dans quelles conditions les jeunes personnes s'éduqueront elles elles-même, sans la moindre coercition ou manipulation ?
*Qu'est-ce que cela signifie de dire de quelqu'un qu'il est « bien éduqué » ?
*Quel est le rôle approprié des adultes dans l'éducation de l'enfant ?
*Quels sont les risques inhérents à essayer de protéger l'enfant des risques et de l'échec ?
*Pourquoi ressentons-nous le besoin d'avoir autant de contrôle sur l'apprentissage de l'enfant ?
*Pourquoi les écoles fonctionnent-elles de la façon que l'on connaît ? (Une part de la réponse se trouve dans l'histoire.)
*Pourquoi les réformes de libéralisation dans la scolarisation échouent la plupart du temps ?
*Quelle sorte de discipline est nécessaire pour le travail et la carrière et comment acquérir une telle discipline ?
*Quel est le sens de la liberté et pourquoi la recherchons-nous ?

Restez connecté et rejoignez la discussion. Je posterai de nouveaux acomptes chaque mercredi et essayerais de répondre aux questions, commentaire et arguments apportés. J'espère vous convaincre que le sujet que j'apporte n'est pas simplement l'idéalisme d'un rêveur naïf. Nous parlerons de véritables personnes et écoles ainsi que des découvertes de la recherche empirique.