Apprendre nécessite la liberté : Introduction à un nouveau blog concernant le jeu, la curiosité et l'éducation.
Quand davantage de scolarité nous
éloigne de la réponse.
De partout de nos jours nous voyons
des politiciens et des experts argumenter en faveur d'une
scolarisation plus restrictive. Bien sûr ils n'utilisent pas le mot
« restrictif » mais c'est bien cela qui apparaît en
filigrane dans leurs propositions. Ils souhaitent des examens plus
standardisés, plus de devoirs à la maison, plus de surveillance,
des journées et des années d'école plus longues, des sanctions
contre les enfants qui prennent une journée ou deux de congé avec
leur famille. Il s'agit d'un domaine dans lequel les politiciens de
tous les grands partis et à tous les niveaux du gouvernement semblent
être en accord. Plus d'école et plus de rigueur à l'école sont toujours mieux que moins d'école et moins de rigueur à l'école.
L'école et l'éducation (qui dans
l'usage est devenue synonyme de scolarisation) sont des termes
entourés d'un halo de sainteté. Ils sont a priori bon et aucune
preuve dans cette logique commune ne vient s'opposer à la valeur
qu'apporte davantage de scolarisation. Si les enfants apprennent des
choses, nous en remercions l'école. S'il ne semble pas apprendre
quoi que ce soit, cela signifie qu'ils ont besoin de plus de
scolarité. Si l'économie ne se porte pas bien, la cause en est
certainement le manque d’effort que nous mettons dans la scolarité.
Si l'économie va bien cela confirme et justifie une scolarisation que
l'on se doit alors d'amplifier pour obtenir de meilleurs résultats.
Si la connaissance est en expansion à
une allure de plus en plus rapide, alors nous pensons devoir exiger
de la part des élèves qu'ils étudient davantage de sujets. Si le
monde d'aujourd'hui nécessite une pensée critique, nous pensons
devoir ajouter la pensée critique à la longue liste de ce que nous
enseignons et validons par des examens. Si nous croyons que les
êtres humains ont des « intelligences multiples »,
alors nous pensons devoir toutes les énumérer séparément et
améliorer chaque intelligence en chaque personne. Si nous trouvons
une valeur à l'égalité alors nous croyons que chacun doit étudier
le même programme et avoir les mêmes examens, ainsi nous les
« faisons égaux » (oubliez cette idée qu'il y a
derrière la fondation de la démocratie où les personnes peuvent
être différentes tout en ayant chacun la même valeur).
Mais
qu'est-il arrivé à cette
idée que l'enfant
puisse apprendre
librement par ses
jeux et ses
explorations
? Toutes les théories sérieuses sur l'apprentissage, à
partir de celle de Piaget, posent comme base que l'apprentissage est un
processus actif sous contrôle de celui qui apprend lorsqu'il est
motivé par la curiosité. Les éducateurs partout admettent ces
théories du bout des lèvres et continuent ensuite à créer des
écoles qui empêchent l'autodétermination par le jeu et
l'exploration. Chacun d'entre-nous sait parfaitement que, si nous
arrêtons de penser à toutes nos idées, que nos plus grandes leçons
ne sont pas celles que l'on apprend dans « un jardin d'enfants »
pas plus que celles que nous avons appris pendant des cours plus
tard. C'est plutôt les leçons que nous avons apprises quand nous
nous sommes donné à nous-même le luxe de suivre pleinement nos
propres intérêts et pulsions par le jeu. Par ce moyen nous avons
acquis les aptitudes, les valeurs, les idées et les informations qui
resteront avec nous toute la vie, pas seulement jusqu'au prochain
examen. Et ce qui est peut-être le plus important, nous avons ainsi
découvert ce qui est le plus important pour nous, ce qui nous plaît
vraiment et cela est le premier pas pour trouver la carrière qui
nous convient.
À chaque fois où nous ajoutons une
autre heure du temps de l'enfant qu'il doit consacrer dans une école
ou sur ses devoirs, à chaque fois que nous les contraignons ou les
persuadons de suivre la direction choisie par l'adulte dans leurs
activités parascolaires, nous les privons davantage d'opportunités
pour jouer, explorer, réfléchir et expérimenter les joies et les
frustrations de l'auto-direction. Avec chaque nouvelle restriction
nous les poussons davantage dans le système de la scolarisation, en
mettant à l'écart toujours plus de jeunes gens qui ne peuvent ou
n'accepterons pas de telles restrictions. Les garçons en particulier
sont de plus en plus réticents à accepter les contraintes de la
scolarisation. Et c'est pourquoi les garçons bien souvent et de
diverses façons, l'abandonne.
J'ai enseigné pendant une longue
période dans une université sélective. Les étudiants qui viennent
dans mes cours avaient une moyenne élevée au lycée. Mais ils ne
viennent pas en connaissant grand-chose des sujets qu'ils ont étudié.
Ils ont eu des notes élevées parce qu'ils sont brillants et ont eu
la motivation suffisante d'aller de l'avant au sein des procédures
standard. Ils trouvent ce qu'ils ont besoin pour réussir à
atteindre les hautes notes et font ce qui est nécessaire. Ils
trouvent comment passer correctement les examens sans en apprendre
trop sur le sujet. Ils apprennent comment garder l'information dans
la forme souhaitée par le professeur juste assez longtemps pour
passer l'examen.
Je n'ai pas d'objection envers les
étudiants qui entre dans mes cours sans savoir grand-chose.
L'information est facile à trouver et facile à fournir. Si les
étudiants découvrent qu'ils ont besoin de savoir quelque chose pour
élargir leurs recherches en rapport à ce que je dis ou ce qu'ils
lisent, ils peuvent demander ou chercher par eux-même. Je suis
simplement désolé qu'ils aient gâché tant de temps à l'école
quand il aurait été certainement préférable pour eux qu'ils
jouent et découvrent ce qui les intéresse vraiment. S'il en avait
été ainsi, ceux qui ont décidé de venir à mon cours auraient de
bonnes raisons de le faire et les autres auraient de bonnes raisons de
choisir une autre route. Les étudiants qui ont exploré et poursuivi
ce qui les intéressait vraiment pendant leurs études sont rares et
charmants, ils ne négligent pas leur première année d'université.
Je connais aussi des adolescents qui
sont actuellement au lycée. Certains sont de « bons étudiants »
et d'autres ne le sont pas. Ce que j'ai observé est que les deux
groupes sont également cyniques à propos de l'école. Les « bons
étudiants » n'admettent peut être pas leur cynisme ou ne
l'identifie pas comme tel, mais il s'agit bien de cela. Il se
manifeste de lui-même à chaque raccourcies qu'ils prennent pour
obtenir une bonne note. Il se manifeste lui-même quand ils disent,
alors qu'ils demandent de l'aide, « la seule chose dont j'ai
réellement besoin n'est pas de comprendre, mais d'avoir la bonne
réponse. »
Nous pourrions rendre meilleure la vie
pour les enfants et améliorer l'apprentissage, et cela avec beaucoup
moins de dépenses que les coûts actuels de l'école, si nous
développons un environnement où l'enfant peut jouer en sécurité,
interagit librement avec une large palette de personnes et
poursuivent leurs propres intérêts. Je le sais car je l'ai vue et
je vous parlerais de certains de ces sujets dans de futurs acomptes.
J'ai commencé ce nouveau blog,
libre d'apprendre, parce que je suis particulièrement
préoccupé de l'état de l'éducation et du déclin des
opportunités pour l'enfant de jouer et explorer. Je suis un
professeur de psychologie de l'évolution et du développement où
mon intérêt principal se tourne vers les voies naturelles
d'apprentissage chez l'enfant et l'adulte. Dans ce premier acompte
j'ai posé les bases de mon point de vue. Dans des acomptes futurs,
j'ai l'intention d'étayer cette opinion avec des articles qui
couvriront les questions suivantes :
*Pourquoi l'être humain est l'animal
le plus joueur ?
*Qu'est-ce que nous voulons dire quand
nous disons qu'un esprit joueur est un esprit ouvert à
l'apprentissage ?
*Est-ce que le jeu est l'opposé du
travail ? (À quel moment l'est-il et quand ne l'est-il pas?)
*Quel est le but de la curiosité dans
l'évolution ?
*Qu'est-ce qu'il arrive à la
curiosité d'un enfant quand il grandit ?
*Qu'est-ce qu'un enfant et un adolescent
veulent dire lorsqu'ils disent, « Je m'ennuie » ?
*Quelle est la valeur du mélange des
âges dans l'apprentissage d'un enfant ?
*Les enfants « ont-ils besoin
d'une structure » ? (Bien sûr, ils en on besoin, mais de
quelle sorte de structure?)
*Dans quelles conditions les jeunes
personnes s'éduqueront elles elles-même, sans la moindre coercition
ou manipulation ?
*Qu'est-ce que cela signifie de dire
de quelqu'un qu'il est « bien éduqué » ?
*Quel est le rôle approprié des
adultes dans l'éducation de l'enfant ?
*Quels sont les risques inhérents à
essayer de protéger l'enfant des risques et de l'échec ?
*Pourquoi ressentons-nous le besoin
d'avoir autant de contrôle sur l'apprentissage de l'enfant ?
*Pourquoi les écoles
fonctionnent-elles de la façon que l'on connaît ? (Une part de
la réponse se trouve dans l'histoire.)
*Pourquoi les réformes de
libéralisation dans la scolarisation échouent la plupart du temps ?
*Quelle sorte de discipline est
nécessaire pour le travail et la carrière et comment acquérir une
telle discipline ?
*Quel est le sens de la liberté et
pourquoi la recherchons-nous ?
Restez connecté et rejoignez la
discussion. Je posterai de nouveaux acomptes chaque mercredi et
essayerais de répondre aux questions, commentaire et arguments
apportés. J'espère vous convaincre que le sujet que j'apporte n'est
pas simplement l'idéalisme d'un rêveur naïf. Nous parlerons de
véritables personnes et écoles ainsi que des découvertes de la
recherche empirique.
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