dimanche 27 avril 2014

Libre d'apprendre blog 01, Apprendre nécessite la liberté : Introduction à un nouveau blog concernant le jeu, la curiosité et l'éducation.

Apprendre nécessite la liberté : Introduction à un nouveau blog concernant le jeu, la curiosité et l'éducation.

Quand davantage de scolarité nous éloigne de la réponse.
Publié le 9 Juillet 2008 par Peter Gray

De partout de nos jours nous voyons des politiciens et des experts argumenter en faveur d'une scolarisation plus restrictive. Bien sûr ils n'utilisent pas le mot « restrictif » mais c'est bien cela qui apparaît en filigrane dans leurs propositions. Ils souhaitent des examens plus standardisés, plus de devoirs à la maison, plus de surveillance, des journées et des années d'école plus longues, des sanctions contre les enfants qui prennent une journée ou deux de congé avec leur famille. Il s'agit d'un domaine dans lequel les politiciens de tous les grands partis et à tous les niveaux du gouvernement semblent être en accord. Plus d'école et plus de rigueur à l'école sont toujours mieux que moins d'école et moins de rigueur à l'école.

L'école et l'éducation (qui dans l'usage est devenue synonyme de scolarisation) sont des termes entourés d'un halo de sainteté. Ils sont a priori bon et aucune preuve dans cette logique commune ne vient s'opposer à la valeur qu'apporte davantage de scolarisation. Si les enfants apprennent des choses, nous en remercions l'école. S'il ne semble pas apprendre quoi que ce soit, cela signifie qu'ils ont besoin de plus de scolarité. Si l'économie ne se porte pas bien, la cause en est certainement le manque d’effort que nous mettons dans la scolarité. Si l'économie va bien cela confirme et justifie une scolarisation que l'on se doit alors d'amplifier pour obtenir de meilleurs résultats.

Si la connaissance est en expansion à une allure de plus en plus rapide, alors nous pensons devoir exiger de la part des élèves qu'ils étudient davantage de sujets. Si le monde d'aujourd'hui nécessite une pensée critique, nous pensons devoir ajouter la pensée critique à la longue liste de ce que nous enseignons et validons par des examens. Si nous croyons que les êtres humains ont des « intelligences multiples », alors nous pensons devoir toutes les énumérer séparément et améliorer chaque intelligence en chaque personne. Si nous trouvons une valeur à l'égalité alors nous croyons que chacun doit étudier le même programme et avoir les mêmes examens, ainsi nous les « faisons égaux » (oubliez cette idée qu'il y a derrière la fondation de la démocratie où les personnes peuvent être différentes tout en ayant chacun la même valeur).

Mais qu'est-il arrivé à cette idée que l'enfant puisse apprendre librement par ses jeux et ses explorations ? Toutes les théories sérieuses sur l'apprentissage, à partir de celle de Piaget, posent comme base que l'apprentissage est un processus actif sous contrôle de celui qui apprend lorsqu'il est motivé par la curiosité. Les éducateurs partout admettent ces théories du bout des lèvres et continuent ensuite à créer des écoles qui empêchent l'autodétermination par le jeu et l'exploration. Chacun d'entre-nous sait parfaitement que, si nous arrêtons de penser à toutes nos idées, que nos plus grandes leçons ne sont pas celles que l'on apprend dans « un jardin d'enfants » pas plus que celles que nous avons appris pendant des cours plus tard. C'est plutôt les leçons que nous avons apprises quand nous nous sommes donné à nous-même le luxe de suivre pleinement nos propres intérêts et pulsions par le jeu. Par ce moyen nous avons acquis les aptitudes, les valeurs, les idées et les informations qui resteront avec nous toute la vie, pas seulement jusqu'au prochain examen. Et ce qui est peut-être le plus important, nous avons ainsi découvert ce qui est le plus important pour nous, ce qui nous plaît vraiment et cela est le premier pas pour trouver la carrière qui nous convient.

À chaque fois où nous ajoutons une autre heure du temps de l'enfant qu'il doit consacrer dans une école ou sur ses devoirs, à chaque fois que nous les contraignons ou les persuadons de suivre la direction choisie par l'adulte dans leurs activités parascolaires, nous les privons davantage d'opportunités pour jouer, explorer, réfléchir et expérimenter les joies et les frustrations de l'auto-direction. Avec chaque nouvelle restriction nous les poussons davantage dans le système de la scolarisation, en mettant à l'écart toujours plus de jeunes gens qui ne peuvent ou n'accepterons pas de telles restrictions. Les garçons en particulier sont de plus en plus réticents à accepter les contraintes de la scolarisation. Et c'est pourquoi les garçons bien souvent et de diverses façons, l'abandonne.

J'ai enseigné pendant une longue période dans une université sélective. Les étudiants qui viennent dans mes cours avaient une moyenne élevée au lycée. Mais ils ne viennent pas en connaissant grand-chose des sujets qu'ils ont étudié. Ils ont eu des notes élevées parce qu'ils sont brillants et ont eu la motivation suffisante d'aller de l'avant au sein des procédures standard. Ils trouvent ce qu'ils ont besoin pour réussir à atteindre les hautes notes et font ce qui est nécessaire. Ils trouvent comment passer correctement les examens sans en apprendre trop sur le sujet. Ils apprennent comment garder l'information dans la forme souhaitée par le professeur juste assez longtemps pour passer l'examen.

Je n'ai pas d'objection envers les étudiants qui entre dans mes cours sans savoir grand-chose. L'information est facile à trouver et facile à fournir. Si les étudiants découvrent qu'ils ont besoin de savoir quelque chose pour élargir leurs recherches en rapport à ce que je dis ou ce qu'ils lisent, ils peuvent demander ou chercher par eux-même. Je suis simplement désolé qu'ils aient gâché tant de temps à l'école quand il aurait été certainement préférable pour eux qu'ils jouent et découvrent ce qui les intéresse vraiment. S'il en avait été ainsi, ceux qui ont décidé de venir à mon cours auraient de bonnes raisons de le faire et les autres auraient de bonnes raisons de choisir une autre route. Les étudiants qui ont exploré et poursuivi ce qui les intéressait vraiment pendant leurs études sont rares et charmants, ils ne négligent pas leur première année d'université.

Je connais aussi des adolescents qui sont actuellement au lycée. Certains sont de « bons étudiants » et d'autres ne le sont pas. Ce que j'ai observé est que les deux groupes sont également cyniques à propos de l'école. Les « bons étudiants » n'admettent peut être pas leur cynisme ou ne l'identifie pas comme tel, mais il s'agit bien de cela. Il se manifeste de lui-même à chaque raccourcies qu'ils prennent pour obtenir une bonne note. Il se manifeste lui-même quand ils disent, alors qu'ils demandent de l'aide, « la seule chose dont j'ai réellement besoin n'est pas de comprendre, mais d'avoir la bonne réponse. »
Nous pourrions rendre meilleure la vie pour les enfants et améliorer l'apprentissage, et cela avec beaucoup moins de dépenses que les coûts actuels de l'école, si nous développons un environnement où l'enfant peut jouer en sécurité, interagit librement avec une large palette de personnes et poursuivent leurs propres intérêts. Je le sais car je l'ai vue et je vous parlerais de certains de ces sujets dans de futurs acomptes.

J'ai commencé ce nouveau blog, libre d'apprendre, parce que je suis particulièrement préoccupé de l'état de l'éducation et du déclin des opportunités pour l'enfant de jouer et explorer. Je suis un professeur de psychologie de l'évolution et du développement où mon intérêt principal se tourne vers les voies naturelles d'apprentissage chez l'enfant et l'adulte. Dans ce premier acompte j'ai posé les bases de mon point de vue. Dans des acomptes futurs, j'ai l'intention d'étayer cette opinion avec des articles qui couvriront les questions suivantes :

*Pourquoi l'être humain est l'animal le plus joueur ?
*Qu'est-ce que nous voulons dire quand nous disons qu'un esprit joueur est un esprit ouvert à l'apprentissage ?
*Est-ce que le jeu est l'opposé du travail ? (À quel moment l'est-il et quand ne l'est-il pas?)
*Quel est le but de la curiosité dans l'évolution ?
*Qu'est-ce qu'il arrive à la curiosité d'un enfant quand il grandit ?
*Qu'est-ce qu'un enfant et un adolescent veulent dire lorsqu'ils disent, « Je m'ennuie » ?
*Quelle est la valeur du mélange des âges dans l'apprentissage d'un enfant ?
*Les enfants « ont-ils besoin d'une structure » ? (Bien sûr, ils en on besoin, mais de quelle sorte de structure?)
*Dans quelles conditions les jeunes personnes s'éduqueront elles elles-même, sans la moindre coercition ou manipulation ?
*Qu'est-ce que cela signifie de dire de quelqu'un qu'il est « bien éduqué » ?
*Quel est le rôle approprié des adultes dans l'éducation de l'enfant ?
*Quels sont les risques inhérents à essayer de protéger l'enfant des risques et de l'échec ?
*Pourquoi ressentons-nous le besoin d'avoir autant de contrôle sur l'apprentissage de l'enfant ?
*Pourquoi les écoles fonctionnent-elles de la façon que l'on connaît ? (Une part de la réponse se trouve dans l'histoire.)
*Pourquoi les réformes de libéralisation dans la scolarisation échouent la plupart du temps ?
*Quelle sorte de discipline est nécessaire pour le travail et la carrière et comment acquérir une telle discipline ?
*Quel est le sens de la liberté et pourquoi la recherchons-nous ?

Restez connecté et rejoignez la discussion. Je posterai de nouveaux acomptes chaque mercredi et essayerais de répondre aux questions, commentaire et arguments apportés. J'espère vous convaincre que le sujet que j'apporte n'est pas simplement l'idéalisme d'un rêveur naïf. Nous parlerons de véritables personnes et écoles ainsi que des découvertes de la recherche empirique.

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