mardi 3 juin 2014

Libre d'apprendre blog 06, Une brève histoire de l'éducation

Une brève histoire de l'éducation
Pour comprendre les écoles nous devons avoir d'elles une perspective historique.

Quand nous voyons que partout les enfants ont l'obligation légale d'aller à l'école, que presque toutes les écoles sont structurées de la même façon et que notre société passe par un grand nombre de difficultés et de dépenses pour fournir ce genre d'école, nous tendons naturellement à conclure comme raisonnement logique qu'il doit s'agir de quelque chose de bien. Peut-être que si nous ne forçons pas les enfants à aller à l'école, ou si les écoles opèrent trop différemment, l'enfant ne pourra pas grandir et devenir un adulte compétent. Peut-être que des personnes très intelligentes ont compris tout cela et ont alors prouvé qu'il s'agissait de la meilleure méthode, ou peut-être aussi que les façons de penser alternatives à propos du développement de l'enfant et de l'éducation ont été expérimentées et ont échoué.

Dans un précédent acompte, j'ai présenté la preuve du contraire. En particulier lorsque j'ai décrit l'école Sudbury Valley où, depuis 40 années, les enfants s'éduquent par eux-même dans un cadre d'hypothèses qui est à l'opposé de la scolarisation traditionnelle. Les études sur cette école et ses diplômés montrent qu'un enfant de la moyenne normal devient éduqué à travers ses propres jeux et explorations sans aucune direction ou pression des adultes, et continu ainsi jusqu'à devenir un adulte accompli et efficace dans la culture plus étendu. À la place de fournir une direction et une pression, l'école fournit un environnement riche dans lequel jouer, explorer et expérimenter la démocratie participative de première main et réalise tout cela avec des dépenses et des conflits bien moindre que ceux que l'on retrouve souvent dans le fonctionnement de l'école traditionnelle. Pourquoi alors n'y a-t-il pas plus d'école de ce genre ?

Si nous voulons comprendre pourquoi l'école traditionnelle est ce qu'elle est, nous devons abandonner l'idée qu'elle est le produit d'une nécessité logique ou d'une clairvoyance scientifique. Elles sont plutôt, les produits de l'histoire. La scolarisation comme elle existe aujourd'hui prend son sens seulement à partir d'une perspective historique. C'est pourquoi, comme première étape pour comprendre pourquoi les écoles sont comme elles sont, je présente ici un bref résumé des grandes lignes de l'histoire de l'éducation, des débuts de l'humanité jusqu'à aujourd'hui. La plupart des intellectuels de l'histoire de l'éducation utiliseraient peut-être des définitions différentes de celles que j'utilise ici, mais je doute qu'ils renieraient l'exactitude générale de cette esquisse. En fait, j'ai utilisé les écrits de tels intellectuels pour m'aider à développer cette ébauche.

Au commencement et pendant des centaines de milliers d'années, les enfants se sont éduqués eux-même à travers le jeu et l'exploration auto-dirigé.

En rapport à l'histoire biologique de notre espèce, les écoles sont des institutions vraiment récentes. Pendant des centaines de milliers d'années, avant l'avènement de l'agriculture, nous avons vécu comme chasseurs-cueilleurs. Dans mon dernier acompte, j'ai résumé les preuves anthropologiques montrant que les enfants des cultures de chasseurs-cueilleurs ont appris ce dont ils avaient besoin à travers le jeu et l'exploration pour devenir des adultes efficaces. On peut présumer que la pulsion intense des enfants pour jouer et explorer viennent de cette longue période évolutive comme chasseurs-cueilleurs, servant les besoins d'éducation. Les adultes dans les cultures chasseurs-cueilleurs permettaient aux enfants une liberté quasi illimitée pour jouer et explorer de leur propre chef car ils reconnaissaient que ces activités sont des méthodes d'apprentissage naturelles chez les enfants.

Avec la montée de l'agriculture, et plus tard de l'industrie, les enfants sont devenus des travailleurs. Le jeu et l'exploration ont été supprimé. La volonté qui était une vertu est devenu un vice dont il fallait se débarrasser chez les enfants.

L'invention de l'agriculture, qui a commencé il y a 10.000 ans dans certaines parties du monde et s'est répandu plus tard dans les autres parties à introduit un mouvement tournoyant de changement dans la façon de vivre de personnes. Le mode de vie des chasseurs-cueilleurs était intensif en matière de connaissances et d'aptitudes, mais pas intensif en matière de travail. Pour être efficace comme chasseurs et comme cueilleurs, les personnes devaient acquérir une connaissance vaste sur les plantes et les animaux sur lesquels ils dépendaient et sur les territoires sur lesquels ils s'approvisionnaient. Ils devaient aussi être capable de développer de grandes aptitudes dans l'artisanat et l'utilisation des outils de chasses et de cueillette. Ils devaient être capable de prendre des initiatives et d'être créatif pour trouver de la nourriture et pister le gibier. Toutefois, ils n'avaient pas à travailler de longues heures, et le travail qu'ils faisaient était excitant et pas ennuyeux. Les anthropologues ont rapporté que les groupes de chasseurs-cueilleurs qu'ils ont étudiés ne faisaient pas de distinction entre le travail et le jeu, et la vie était essentiellement comprise comme un jeu.

L'agriculture a progressivement changé tout cela. Avec l'agriculture, les personnes pouvaient produire davantage de nourriture ce qui leur permettait d'avoir plus d'enfants. L'agriculture permit aux personnes (ou les força) de vivre en permanence à domicile, proche de l'endroit où les cultures étaient plantées, plutôt que des vies de nomades, et cela en retour permit aux personnes d'accumuler de la propriété. Mais ces changements apparurent au prix d'un travail immense. Tandis que les chasseurs-cueilleurs récoltaient avec adresse ce que la nature leur donnait, les fermiers devaient labourer, planter, cultiver, soigner leurs troupeaux et ainsi de suite. Une agriculture prospère nécessitait de longues heures de travail répétitif nécessitant peu d'aptitudes, et pouvait être réalisée par les enfants. Avec des familles plus larges, les enfants devaient travailler sur les terres ou à la maison pour aider à nourrir et prendre soin de leurs plus jeunes frères et sœurs. La vie des enfants changea progressivement de la libre poursuite de leur propre intérêt à une grande augmentation de temps passé à travailler au service du reste de la famille.

L'agriculture associée à l'appropriation des terres et l'accumulation de la propriété a aussi créé pour la première fois de l'histoire, de claire différence de status. Les personnes qui ne possédaient pas de terres devinrent dépendantes de ceux qui les possédaient. Les propriétaires de terres découvrirent aussi qu'ils pouvaient augmenter leurs propres richesses en faisant travailler pour eux d'autres personnes. Les systèmes d'esclavage et d'autres formes de servitude furent développés. Ceux possédant de la richesse devinrent plus riches avec l'aide des personnes qui dépendaient d'eux pour leur propre survie. Tout cela culmina avec le féodalisme du Moyen Âge, quand la société devint fortement hiérarchique, avec quelques rois et seigneurs se trouvant au-dessus de la masse d'esclaves et de serfs se trouvant en dessous. À ce moment-là, le lot de la plupart des personnes, ce qui inclut les enfants, était la servitude. La leçon principale que l'enfant devait apprendre était l'obéissance, la suppression de sa propre volonté et la manifestation d'une vénération envers les seigneurs et les maîtres. Un esprit insoumis pouvait trouver rapidement la mort.

Au Moyen Âge, les seigneurs et les maîtres n'hésitaient pas à s'en prendre physiquement aux enfants pour obtenir leur soumission. Par exemple, dans un document de la fin du 14ème siècle ou début du 15ème, un comte français conseillait aux jeunes nobles de ''choisir de jeunes serviteurs de sept ou huit ans'' car ainsi ''ce garçon pourrait être battu jusqu'à ce qu'il ait une terreur appropriée de ne pas accomplir les ordres de son maître''.[1] Le document va jusqu'à lister le nombre prodigieux de corvées que le garçon devait réaliser quotidiennement et note qu'il devait dormir la nuit dans un comble au-dessus des chiens de chasse afin de répondre à leurs besoins.

Avec la montée de l'industrie et d'une nouvelle classe bourgeoise, le féodalisme s'est progressivement affaissé, mais cela n'a pas pour autant amélioré immédiatement la vie de la plupart enfants. Les propriétaires d'affaires comme les propriétaires de terres avaient besoin de travailleurs en essayant de profiter d'eux en extrayant un maximum de travail avec le minimum de compensation possible. Tout le monde connaît l'exploitation qui a suivi et qui existe encore aujourd'hui dans de nombreuses parties du monde. Les personnes, dont les jeunes enfants, travaillaient pratiquement toutes leurs heures d'éveils, sept jours sur sept, dans des conditions inhumaines simplement pour survivre. Le travail de l'enfant a été déplacé des champs où ils avaient au moins la lumière du soleil, de l'air frais et quelques opportunités de jeux vers des usines sales, sombres et surpeuplé. En Angleterre, les responsables de la pauvreté, envoyaient les enfants pauvres dans des usines pour y être traité comme des esclaves. Un grand nombre d'entre eux mouraient chaque année de maladies, famines et de fatigue. Ce n'est pas avant le 19ème siècle que l’Angleterre vota des lois pour limiter le travail de l'enfant. En 1883, par exemple, une nouvelle législation interdit les fabricants de textiles l'emploi d'enfant ayant moins de neuf ans et limitèrent les heures de travail en semaine à 48 heures pour les enfants de 10 à 12 ans, et à 69 heures pour les enfants de 13 à 17 ans. [2]

En résumé, pendant plusieurs milliers d'années après l'avènement de l'agriculture, l'éducation de l'enfant a été, à un degré considérable, une question d'écraser leur volonté, de manière à en faire de bons travailleurs. Un bon enfant était un enfant obéissant qui supprimait le désir de jouer ou d'explorer en le remplaçant par l'accomplissement consciencieux des ordres donné par les maîtres adultes.

Pour plusieurs raisons, chez des religieux et des laïcs, l'idée universelle d'une scolarité obligatoire a commencé progressivement à apparaître et à se répandre. L'éducation a été comprise comme étant de l'inculcation.

Tandis que l'industrie progressait et devenait de plus en plus automatisée, le besoin d'enfant travailleur commença à décliner dans quelques parties du monde. L'idée commença à se répandre que l'enfance devrait être un temps pour l'apprentissage et que les écoles sont les lieux où se développe l'apprentissage chez l'enfant. L'idée et la pratique universelle d'une éducation publique obligatoire se développèrent progressivement en Europe à partir du début du 16ème siècle jusqu'au 19ème siècle. Il s'agissait d'une idée qui fut supportée par de nombreuses personnes, qui avaient tous leurs propres programmes concernant les leçons que l'enfant devrait apprendre.

Le plus gros de l'élan de cette éducation universelle vint de l'émergence des religions protestantes. Martin Luther déclara que le salut relevait de la lecture des écritures sacrées par chaque personne. Un corollaire, qui ne fut pas perdu après Luther, était que chaque personne devait apprendre à lire les vérités absolues qui se trouvaient dans les écritures ainsi que d'apprendre que le salut dépendait de la compréhension de ces vérités. Luther et d'autres leaders de la réforme promurent l'éducation publique comme un devoir chrétien, pour sauver l'âme de la damnation éternelle. À la fin du 17ème siècle, l'Allemagne, qui était le leader dans le développement de la scolarisation, avait des lois dans la plupart de ses états qui exigeaient la présence des enfants à l'école, et que ce serait l'Église luthérienne et non l'État qui assurerait le fonctionnement des écoles.

En Amérique, au milieu du 17ème siècle, le Massachusetts devint la première colonie à rendre obligatoire la scolarisation, l'objectif clairement annoncé était de faire des enfants de bons puritains. Au commencement de 1690, les enfants du Massachusetts et des colonies adjacentes apprenaient à lire à partir du ''New England Primer'', qui était communément appelé ''la petite bible de la Nouvelle-Angleterre''. [4] Elle comprenait toutes sortes de rimes qui aidait les enfants à apprendre l'alphabet, en commençant par, ''Dans la chute d'Adam, Nous avons tous pêché.'' et finissait par ''Zachée qui grimpe sur l'arbre pour voir le seigneur.'' Le manuel de lecture comprenait aussi les prières du Seigneur, le credo, les dix commandements et des leçons variés qui ont été conçu pour inculquer en l'enfant la peur de Dieu et un sens du devoir envers leurs aînés.

Les employeurs industriels virent l'école comme un moyen de créer de meilleurs travailleurs. Pour eux les leçons les plus importantes étaient la ponctualité, le suivi des instructions, la tolérance à de longues heures de travail ennuyeux et une habilité minimum à la lecture et l'écriture. De leurs points de vue (bien qu'ils ne l'ai peut-être pas déclaré ainsi), plus les sujets enseignés à l'école étaient ennuyeux meilleurs ils étaient.

Alors que les nations prirent forme et devinrent plus centralisées, les leaders nationaux virent l'éducation comme des moyens de créer de bons patriotes et de futurs soldats. Pour eux, les leçons cruciales étaient les gloires de la patrie, les accomplissements extraordinaires et les vertus morales des fondateurs et leaders de la nation et la nécessité de défendre la nation des forces du mal qui se trouvait ailleurs.

Dans ce mélange nous devons ajouter les réformateurs qui avaient plutôt comme désir de prendre soin de l'enfant, dont les messages peuvent aujourd'hui nous sembler naïf. Ce sont les personnes qui virent l'école comme un lieu pour protéger l'enfant des forces nuisibles du monde extérieure et de fournir ainsi à l'enfant la morale et l'intellect de base nécessaire pour se développer en adulte intègre et qualifié. Mais ils avaient eux aussi leur programme de ce que l'enfant devait apprendre. Les enfants devaient apprendre des leçons de morale et de disciplines, tel que le latin et les mathématiques qui exerceraient leurs esprits et les transformerait en savant.

Tous ceux qui furent impliqués dans la fondation et le soutien des écoles avaient une vue claire à propos des leçons que les enfants devaient apprendre à l'école. Il est plutôt évident que personne ne croyait que laisser les enfants se débrouiller par eux-même, et qui plus est dans un environnement d'apprentissage de grande richesse, leur permettrait d'apprendre toutes les leçons qu'ils (les adultes) estiment véritablement importante. Tous virent la scolarisation comme de l'inculcation, l'implant de certaines vérités et de méthodes de pensée dans l'esprit des enfants. La seule méthode d'inculcation connu, toujours aussi bien aujourd'hui, est la répétition forcée et l'évaluation de la mémoire de ce qui est répété.

Avec la croissance de la scolarisation, les personnes commencèrent à penser qu'apprendre était du travail. Les mêmes méthodes autoritaires qui ont été utilisé pour faire travailler les enfants dans les champs et les usines ont été tout naturellement transférés à la salle de classe.

La répétition et la mémorisation de leçons est un travail pénible pour les enfants qui ont une pulsion instinctive qui les conduit à jouer librement et à explorer le monde par eux-même. De la même façon que les enfants ne s'adaptent pas facilement aux durs labeurs des champs et des usines, ils ne s'adaptent pas facilement à la scolarisation. Ce ne fut pas une surprise pour les adultes impliqués. Mais à ce point dans l'histoire, l'idée que la volonté propre des enfants eut une valeur avait été complètement oubliée. Tout le monde supposait que pour que l'enfant apprenne à l'école, la volonté obstinée de l'enfant devait leur être enlevée. Les punitions de toutes sortes étaient considérées comme intrinsèques au processus éducatif. Dans quelques écoles, les enfants avaient l'autorisation de périodes/temps de jeux (récréation), pour leur permettre d'évacuer leurs bouillonnements intérieurs, mais le jeu n'était pas considéré comme un véhicule d'apprentissage. Dans la salle de classe, le jeu était l'ennemie de l'apprentissage.

Une attitude importante des autorités à l'égard du jeu dans les écoles du dix-huitième siècle se reflète dans les règles de John Wesley des écoles de Wesleyan, qui comporte cette déclaration : « Nous n'avons pas de jours de jeux, ainsi nous ne permettons à aucun moment ni aucun jour le jeu, car celui qui joue enfant, jouera quand il sera adulte. » [5]

Les méthodes utilisant la force brutale qui a été utilisée longtemps pour garder l'enfant attelé à sa tâche à la ferme et à l'usine ont été déplacé dans les écoles pour faire apprendre les enfants. Certains des maîtres d'école sous payés et mal préparés étaient clairement sadiques. Un maître en Allemagne a gardé trace écrite des punitions qu'il a distribuées pendant cinquante et une années d'enseignement, une liste partielle de celles-ci comportait : '' 911.527 coups avec une baguette, 124.010 coups avec une canne, 20.989 tapes avec la règle, 136.715 coups avec la main, 10.235 coups à la bouche, 7.905 claques à l'oreille et 1.118.800 coups sur la tête.'' [6] Il était clair que ce maître était fier de toute l'éducation qu'il avait fournie.

Dans son autobiographie, John Bernard, un membre important du ministère dans le Massachusetts du 18ème siècle, décrit d'un air approbateur comment, lorsqu'il était enfant, il était battu régulièrement par son maître d'école. [7] Il était battu pour son irrésistible pulsion à jouer, il était battu quand il échouait à apprendre, il était même battu quand ses camarades d'école échouaient à apprendre. Comme il s'agissait d'un brillant garçon, il avait aussi la responsabilité d'aider les autres à apprendre, et quand ils échouaient à réciter une leçon parfaitement il était battu pour cela. Sa seule plainte vient du fait qu'un camarade de classe a délibérément raté sa leçon pour le voir se faire taper. Il résolut finalement ce problème, en donnant à son camarade '' un bon coup de bâton '' quand la journée d'école fut terminée et le menaça de plus de coups dans le futur. C'était le bon vieux temps.

De nos jours, les méthodes de scolarisation sont devenu moins sévères mais les suppositions de base n'ont pas changé. Apprendre continue à être défini comme du travail d'enfant, et des moyens autoritaires sont employés pour faire travailler les enfants.

Aux 19ème et 20ème siècle, la scolarisation publique a évolué progressivement vers ce que l'on reconnaît aujourd'hui comme la scolarisation conventionnelle. Les méthodes de discipline sont devenu plus humaines, ou dans tous les cas, moins corporelles. Les leçons sont devenues plus laïques, le programme s'est allongé, en suivant l'évolution de la connaissance, ajoutant à une liste toujours davantage de sujets et le nombre d'heures, de jours et d'années de scolarisation obligatoire ne firent qu'augmenter continuellement. L'école a progressivement remplacé le travail des champs, des usines et des corvées domestiques pour devenir le premier travail des enfants. De la même façon que les adultes passent près de huit heures dans leur environnement de travail, l'enfant aujourd'hui passe six heures à l'école et une heure ou plus à faire des devoirs, auxquelles on ajoute souvent des heures de leçons prises en dehors de l'école. Avec le temps, la vie de l'enfant est devenue de plus en plus définie et structuré par le programme de l'école. Les enfants sont maintenant universellement identifiés par leurs niveaux d'école de la même façon que les adultes sont identifiés par leur travail et leur carrière.

Les écoles d'aujourd'hui sont bien moins sévères qu'autrefois, mais certains postulats concernant la nature de l'apprentissage restent inchangés, apprendre est un travail difficile, il s'agit d'une chose à faire qui doit être imposée à l'enfant par la force et certainement pas quelque chose qui arrive naturellement durant les activités choisies par l'enfant lui-même. Les leçons spécifiques que les enfants doivent apprendre sont déterminé par des éducateurs professionnels, pas par les enfants, c'est pourquoi l'éducation est toujours aujourd'hui, comme avant, une question d'inculcation (bien que les éducateurs tendent à éviter ce terme et utilisent faussement des termes comme « découverte »).
Les éducateurs astucieux d'aujourd'hui utilisent « le jeu » comme un outil pour amener les enfants à apprécier certaines de leurs leçons, et les enfants sont autorisés d'avoir des temps libres de jeu à la récréation (bien que cela diminue ces derniers temps), mais les propres jeux de l'enfant sont bien sûr considéré comme inadéquat pour les fondations d'une éducation. Les enfants qui ont des pulsions de jeu tellement forte qu'ils n'arrivent pas à rester calme pour les leçons ne sont plus battus, à la place ils sont traités avec des médicaments.

L'école aujourd'hui est le lieu où tous les enfants apprennent la distinction que les chasseurs-cueilleurs n'ont jamais connue, la distinction entre le travail et le jeu. L'enseignant dit « Vous devez faire votre travail et ensuite vous pourrez jouer. » Manifestement, s'il faut en croire ce message, le travail, qui contient tous les apprentissages de l'école, sont des choses que l'on ne souhaite pas faire mais que l'on doit faire quand même, et que le jeu est quelque chose que l'on veut faire et qui a relativement peu de valeur. Cela, peut-être, est la leçon principale de notre méthode scolaire. Si l'enfant n'apprend rien d'autre dans une école, ils apprennent au moins la différence entre le travail et le jeu, et qu'apprendre est du travail et non du jeu.

Dans ce texte j'ai essayé d'expliquer comment l'histoire de l'humanité a conduit au développement des écoles comme nous les connaissons aujourd'hui. Dans mon prochain texte, je discuterais de quelques raisons pourquoi les tentatives modernes de réformer les écoles de manière superficielle ont été si inefficaces.

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Notes
1. Citation de Orme, N. (2001), Medieval children, p315.
2. Mulhern, J. (1959), A history of education : A social interpretation, 2ème édition.
3. Encore Mulhern (1959).
4. Gutek, G. L. (1991), An historical introduction to American education, 2ème édition
5. Citation de Mullhern (1959, p383).
6. Encore Mullhern (1959, p 383).
7. De « Autobiography of the Rev. John Bernard » Collections du Massachusetts Historical Society, 3ème Ser., 5 [1836] : 178-182. extrait de J. Martin (Ed.) (2007), Children in Colonial America.

Publié le 20 Août 2008 par Peter Gray 
Source : http://www.psychologytoday.com/blog/freedom-learn/200808/brief-history-education

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