vendredi 13 juin 2014

Libre d'apprendre BLOG07, Les forces qui s'opposent à un changement éducatif fondamental

Les forces qui s'opposent à un changement éducatif fondamental
Pourquoi la réforme éducative doit prendre place à l'extérieure du système de scolarisation


Dans les acomptes précédents j'ai présenté les indices qui soutiennent les affirmations suivantes : (1) Les impulsions qu'ont les enfants à jouer et explorer de leur propre chef ont fournit les fondations de l'éducation durant notre longue histoire en tant que chasseurs-cueilleurs (lien vers article). (2) Les enfants d'aujourd'hui peuvent s'éduquer très bien par eux-même, et d'ailleurs le font, sans qu'il y ait contrainte, pression ou direction des adultes, si on leur fournit un environnement qui soutienne leurs instincts de jeu et d'exploration (lien vers article). (3) Les écoles traditionnelles sont ce qu'elles sont aujourd'hui à cause des circonstances historiques qui ont amené les personnes à dévaloriser le jeu en ayant la croyance que la volonté des enfants devait être brisée et en pensant que tout ce qui est utile, comme l'apprentissage, exige de travailler dur (lien vers article).


Aujourd'hui, de nombreuses personnes comprennent la valeur éducative d'un jeu et d'une exploration libre, nombreux sont ceux qui regrettent que les enfants aient aussi peu d’opportunités pour de telles activités et qui pensent que la volonté de l'enfant est une force positive dans leur développement, leur éducation et leur jouissance de la vie. Pourtant les écoles continues comme hier. En fait, la scolarisation traditionnelle et toutes les autres activités dirigées par les adultes qui sont modelés pour s'adapter à la scolarisation occupent un pourcentage toujours plus grand du temps de l'enfant. Pourquoi est-il si difficile de renverser la tendance ? Pourquoi est-il si difficile d'ouvrir un changement fondamental à l'intérieur même du système scolaire ? Je n'ai pas la prétention de connaître la réponse complète à cette question, mais voici un aperçue de mes pensées concernant ces forces qui rendent le système éducatif tellement difficile à changer d'une façon fondamentale.


La normalité de la scolarisation traditionnelle


Comme le montrent fréquemment les psychologues sociaux, les personnes se donneront incroyablement de mal pour sembler normaux. Si nous nous comportons différemment de la norme, les autres pourraient nous rejeter, et rien n'est pire pour nous, en tant qu'êtres sociaux, que le rejet. Si tout le monde dans une culture attache les pieds des filles, jusqu'à les handicaper, et même si les parents ne croient pas en cette pratique, ils le feront tout de même pour que leur fille n'ait pas l'air étrange. Si tous les enfants dans le voisinage vont à l'école traditionnelle, alors l'enfant qui ferait quelque chose d'un peu différent, pourrait être vu comme étrange, et ses parents pourraient être vus, non seulement comme étranges, mais aussi négligents.


Pour trouver une preuve pour connaître le niveau auquel nous identifions aujourd'hui l'enfant avec leur école traditionnelle, il suffit d'écouter n'importe qu'elle conversation (ou tentative de conversation) entre un adulte et un enfant, que l'adulte vient juste de rencontrer : '' Tu es en quelle année ?, Tu as de bonnes notes ?, Quelle est ta discipline préférée ?, Est-ce que tu t'entends bien avec ton professeur ?, Est-ce que tu es impatient que l'école commence ? '' Nous devons découvrir une manière complètement nouvelle pour parler avec les enfants qui ne vont pas dans ce genre d'école.
Les nouvelles écoles qui sont fondées sur des principes très différents de ceux des écoles traditionnelles n'attirent généralement pas beaucoup d'élèves, même parmi ceux qui croient en ces principes, simplement à cause de la peur de faire quelque chose qui pourrait sembler anormal. Les enfants qui prennent la décision de rejoindre de telles écoles on besoin de beaucoup de soutiens sociaux pour contrer cette peur, et leurs parents en ont besoin davantage.


Les prophéties qui s'auto-accomplissent de la scolarisation traditionnelle


La scolarisation traditionnelle fait la promotion de façons de penser et d'agir qui permettent de changer ses propres hypothèses en prophéties qui s'auto-accomplissent. Les hypothèses semblent être vrai parce que nous les testons dans le contexte de l'école traditionnelle et avec des critères qui ont été établi par une telle scolarisation.


Voici l'exemple d'une telle hypothèse : '' les écoles ont besoin de motiver les enfants à apprendre ''. J'ai rencontré, un nombre de fois incalculable, des parents qui croyaient que les écoles non traditionnelles telles que Sudbury Valley sont bonnes pour les enfants qui savent '' se motiver par eux-même '', mais que cela ne concernait pas les leurs, parce que leurs enfants '' ne se motive pas par eux-même '', et les enfants pensait cela aussi d'eux-même. '' J'ai besoin d'enseignants qui me donne des coups de pied aux fesses, sinon je ne fais rien de toute la journée. '' Pourquoi les personnes de notre culture ont cette perception que si nous laissons les enfants en âge d'aller à l'école avec leurs propres techniques, ils n'apprendront pas grand-chose ? Presque personne n'a cette perception des enfants trop jeunes pour aller à l'école (lien vers article), et les chasseurs-cueilleurs n'ont pas cette perception pour les enfants quel que soit leur âge (lien vers article).


Une raison qui explique la perception que les enfants en âge d'aller à l'école ne sont pas motivé d'apprendre par eux-même vient de notre acceptation culturelle générale de la définition apportée par le système scolaire sur ce qu'est l'apprentissage. Si apprendre est défini par le fait de faire des devoirs d'école ou des tâches qui ressemble de beaucoup à des devoirs d'école, alors il est parfaitement vrai que les enfants '' déscolarisés '' ou qui se rendent dans les écoles Sudbury passent peu de temps à '' apprendre ''. À la place, ils passent leur temps à jouer et à explorer, d'une manière imprévisible, et ils récoltent les connaissances et les compétences de leur culture par un simple effet secondaire.
Une autre raison de cette perception est que lorsque les enfants passent leurs journées dans une école traditionnelle à faire des contrôles et des devoirs qu'ils ne veulent pas faire, il est probable qu'à la fin de la journée, ils passent tout leur temps libre à se relaxer, se reposer, ou à se défouler de la même façon que le font leurs parents après une journée de travail stressant. Tout cela interfère avec l'opportunité d'être pleinement engagé dans cette forme de jeu, d'exploration et de conversation que nous pourrions alors facilement identifier comme de l'éducatif. 

 
Un autre exemple d'une prophétie auto-accomplit de l'école traditionnelle est que : De bonnes performances prédisent un succès à venir. Nous avons faits de cette prophétie une réalité en mettant en place un monde pour l'enfant dans lequel on définit essentiellement le '' succès '' comme de bonnes performances à l'école. Le boulot de l'enfant est d'avoir de bonnes notes à l'école qui seront récompensés de plusieurs façons. Les bonnes notes sont le critère pour avancer au niveau suivant dans un système scolaire basé sur le classement, que ce soit pour les placements sur le tableau d'honneur (ndt : aux États-Unis, il s'agit d'une liste des meilleurs élèves), pour la possibilité de participer à des activités sportives, pour aller à l'université, pour être nominé dans des sociétés prisées, pour avoir des louanges de la part de nombreux adultes, et ainsi de suite. Donc bien sûr avec toutes ces façons de mesurer le succès, de bonnes performances à l'école (lorsqu'elles sont mesurées avec un classement) prédit un succès à venir.

 
Nous sommes constamment bombardés par des statistiques montrant les corrélations entre les années de scolarisation et les carrières à succès mesuré par revenu. Mais il y a un tas de raisons qui montre que ces corrélations n'ont rien à faire avec l'apprentissage. Ici sont les trois raisons principales.


1. Nous avons créé un monde dans lequel certains métiers à salaires élevés, tel que dans le droit, la médecine et l'administration d'entreprise, requièrent généralement un certain nombre d'années d'enseignement supérieur. Dans un tel monde, les années de scolarité sont inévitablement en corrélation avec le revenu.


2. Nous avons créé un monde dans lequel '' succès '' est plus ou moins défini par les bonnes notes obtenues pendant l'enfance et par les revenus élevés obtenus plus tard. Dans un tel monde, les personnes qui sont fortement motivé par la réussite proposée par les standards conventionnels, travailleront dur pour obtenir des notes élevées et travailleront dur pour obtenir beaucoup d'argent à l'âge adulte. Et voilà, nous avons une corrélation. Et comme nous avons aussi créé un monde dans lequel très peu de personnes ont une éducation en dehors des écoles traditionnelles, les parents et les enfants se retrouvent alors avec très peu d'exemples qu'ils peuvent observer pour découvrir les formes que le succès prend par d'autres routes.


3. Les enfants venant de foyers aisés peuvent se permettre davantage de scolarité que ceux venant des foyers les plus pauvres, c'est pourquoi ils vont plus loin dans la scolarité. Les enfants des foyers aisés ont aussi davantage d'opportunités pour les professions aux salaires élevés, à cause des connections familiales et un tas d'autres avantages que n'ont les foyers les plus pauvres. Tout cela aide ainsi à créer une corrélation entre les années de scolarité et les revenus en conséquences.


Pour ces raisons et d'autres, une corrélation d'ensemble entre la scolarité et le '' succès '' est inévitable dans le monde que nous avons construit. Il n'y a aucun moyen statistique de savoir s'il existe une quelconque corrélation avec ce qui est véritablement appris à l'école.


L'enracinement de l'entreprise éducative


Une autre raison qui explique l'inertie qui agit comme un mur face à un changement réel dans notre système éducatif concerne la nature massivement enracinée de l'entreprise éducative. Aux États-Unis, il y a 6,8 millions de personnes qui gagnent actuellement leurs vies comme enseignant (U.S. Census Bureau). Contrairement à la croyance populaire, enseigner est une activité beaucoup mieux payé que ne l'est un employé de bureau ou qu'un ouvrier qualifié (Greene & Winters, 2007) et offre de nombreux autres bénéfices qui sont inclus généralement tel que la sécurité de l'emploi, un plan de retraite convenable et un grand nombre de temps de vacances. Les écoles d'éducation, qui prépare les enseignants de l'école traditionnelle, contiennent une partie énorme de l'esprit d'entreprise de l'éducation. L'industrie des manuels scolaires est aussi imposante qu'elle est lucrative. Un changement radical dans notre système éducatif inquiéterait et probablement fâcherait tout le mécanisme. De tels changements aboliraient nos besoins en enseignants et éducateurs tels qu'ils sont aujourd'hui définis. Ils aboliraient aussi nos besoins d'écoles d'enseignants traditionnels et la plupart si ce n'est tout nos besoins en manuels scolaires.


De nombreuses personnes dans notre culture ont des intérêts économiques, pas seulement à garder, mais à étendre l'éducation traditionnelle. Le plus d'heures et d'années nous exigeons aux jeunes personnes de passer à l'école, le plus nous pouvons employer des enseignants, des administrateurs d'école, des professeurs d'éducation et des auteurs et éditeurs de manuels scolaires.
L'industrie de l'éducation prospère et se nourrit des petits changements et des modes. Les nouvelles idées à propos de comment motiver les enfants, de nouveaux cours et de nouvelles façons d'enseigner les vieux cours (comme les '' nouvelles, nouvelles, nouvelles mathématiques ''), tout fournit du travail pour les professeurs d'éducation et les éditeurs de manuels. Mais un changement fondamental de la sorte dont j'ai parlé dans les acomptes précédents de ce blog contrarierait tout.


Le changement progressif ne fonctionne pas


Une autre barrière au genre de changement dans la scolarisation dont j'ai parlé est qu'il ne peut pas se faire progressivement à l'intérieure d'une école ou dans le système scolaire. Le changement exige un remplacement de paradigme, de celui où les enseignants sont en charge d'un processus éducatif à celui dans lequel chaque étudiant est véritablement en charge de sa propre éducation. On ne peut pas faire ce changement petit à petit. Aussi longtemps que l'enseignant met en place le chemin à suivre, peu importe le nombre de choix qui est offert le long de ce chemin, les étudiants comprendront qu'il s'agit du boulot de l'enseignant, pas le leur, de décider de ce qu'il faut apprendre. Aussi longtemps que les enseignants contrôleront les progrès des étudiants, peu importe comment ils le font, les étudiants comprendront que leur boulot est de remplir les attentes de l'enseignant, pas d'établir et d'aller à la rencontre de leurs propres attentes.


En fait, l’ajout de choix et une réduction de la clarté dans les moyens de contrôler à l'intérieur de la scolarisation traditionnelle peuvent rendre la vie des étudiants encore plus stressante qu'elle ne l'était. Après ces changements '' libéraux '', cela donnerait comme travail supplémentaire pour chaque étudiant de deviner ce que l'enseignant attend d'eux et de deviner les véritables critères de leur évaluation. L'école devient alors un exercice de lecture de la pensée. Ma croyance personnelle est qu'à l'intérieure du système scolaire traditionnel, le moyen le plus doux pour enseigner est d'être le plus clair possible concernant les exigences et les critères de manière à ce que les étudiants puissent remplir ces conditions sans la peur qu'ils puissent étudier les mauvaises choses.


Vous ne pouvez pas non plus, à l'intérieur du système scolaire traditionnel, vous attendre à éliminer les contrôles progressivement, un cours à la fois. Supposons que vous introduisez dans le parcours des étudiants un cours qui ne serait pas noté. Ce que vous découvrirez est que la plupart des étudiants ne feront rien à ce cours, même s'il le souhaite. Dans un système où les autres cours sont notés, le cours non contrôlé est alors considéré comme sans importance. Comment un bon élève pourrait justifier de consacrer du temps à un cours qui n'est pas noté si les autres cours sont notés ? De façon à changer la mentalité, le système entier doit changer.


Comment le changement se présente


Un changement fondamental dans l'éducation apparaît néanmoins à l'extérieure du système scolaire traditionnel. Il apparaît parmi les groupes de familles qui décident de '' déscolariser '' leurs enfants (en tout cas, pour une école à la maison qui serait libre, où il n'y aurait pas de programme ou de contrôle) et parmi les personnes qui créent des écoles non-écoles, tel que celles modelé à partir de l'école Sudbury Valley. Les personnes de ces mouvements établissent entre eux-même de nouveaux comportements et normes sociales, qui leur permettent de surmonter les barrières des comportements qui semblaient anormaux pour les autres. Leurs observations des enfants qui se sont éduqué eux-même les ont mené à éclaire l'éducation avec une nouvelle lumière, comme quelque chose à admirer et apprécier mais à ne pas contrôler. Ils ont commencé à voir de nombreux exemples de personnes qui se sont éduqués par eux-même librement et joyeusement, à l'extérieur du système scolaire traditionnel et qui ont été brillants dans leur vie et dans tous les aspects de ce qui définit le succès. Et les prophéties auto-réalisées de la scolarisation traditionnelle furent comprises pour ce qu'elles étaient.


Nous n'avons pas de raison d'être découragés à propos du futur de l'éducation. Nous devons simplement prendre conscience que la réforme réelle ne prendra pas place à l'intérieure du système scolaire établi. Elle continuera à apparaître à l'extérieur de ce système. Le changement progressif qui se mettra en place est que toujours davantage de personnes opteront pour une sortie de la scolarisation traditionnelle. Pour permettre que cela soit possible, nous avons besoin d'être sûr que les personnes ont le droit légal de se retirer. Sur un niveau politique, cela devrait être la priorité la plus élevée pour ceux d'entre nous qui souhaitons un monde dans lequel l'enfant peut se développer librement et joyeusement, avec l'expérience complète de la démocratie, des droits et des responsabilités que la démocratie entraîne.

Publié le 27 Août 2008 par Peter Gray

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