mardi 19 août 2014

Libre d'apprendre BLOG10 : Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. Partie 2

Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. 
Partie 2 : Les qualités éducatives uniques de la mixité des âges dans le jeu.
La mixité des âges dans le jeu est plus ludique que le jeu entre personne du même âge.


Pendant une grande partie de l'histoire humaine, le jeu à presque toujours pris place dans des environnements où les âges étaient mélangés. Les fondations biologiques du jeu ont évolué pour servir des objectifs dans des configurations où l'enfant n'était presque jamais isolé par groupe d'âge. Les anthropologues qui ont étudié le jeu dans les groupes de chasseurs-cueilleurs ont rapporté que les groupes de jeux caractéristiques étaient compris d'enfants ayant entre quatre et douze ans, ou huit et dix-sept ans. Quand nous observons le jeu dans des configurations où les âge sont séparés (tel que dans les terrains de jeux des écoles) où les enfants de six ans ne peuvent jouer qu'avec les enfants de six ans, ou ceux de douze seulement du même âge, nous observons là un objet fabriqué par l'époque moderne. Apprendre par le jeu, pour un enfant se trouvant dans ce genre d'environnement et la même chose que l'apprentissage des singes enfermé dans une cage, nous observons les comportements dans des condition confiné, limité et non naturelle. Les singes en cage montrent davantage d'agressivité et de comportement de domination que le font les singes dans leur environnement sauvage, et la même chose est vraie pour les enfants qui sont dans des environnements favorisant l'isolement par groupe d'âge en comparaison à ceux qui sont dans des environnements mixtes.


Dans mon dernier acompte (lien), j'ai décrit la façon dont la mixité des âges dans le jeu permet aux plus jeunes de participer et d'apprendre des activités qui seraient trop difficiles à entreprendre par eux-mêmes seuls ou avec des partenaires du même âge. Dans cet acompte je commenterais sur quelques différences qualitatives que l'on observe entre le jeu ou les âges sont mélangés et ceux qui en le sont pas. Mon point est celui-ci :


La mixité des âges dans le jeu permet au jeu d'être moins compétitif, plus créatif et à conduire davantage à la pratique de nouvelles compétences que dans le jeu entre personnes du même âge.


La mixité des âges dans le jeu est, pour faire court, plus ludique que ne l'est le jeu entre personne du même âge. Quand les enfants qui sont pratiquement tous du même âge jouent à un jeu, l'esprit de compétition peut interférer avec la gaieté du jeu. Cela est particulièrement vrai dans notre culture actuelle, qui met surtout l'accent sur le plaisir de la victoire et insiste sur les formes de comparaison qui ont pour but de déterminer qui est le meilleur, cette accentuation est nourrie par le système scolaire compétitif basé sur le classement. En contraste, quand les enfants sont différents d'âges et jouent à un jeu ensemble, le centre d'attention se déplace de la lutte pour battre l'autre à celui de simplement s'amuser. Il n'y a aucun orgueil à gagner pour les enfants plus vieux, plus grands et plus compétents en battant les plus jeunes, et les plus jeunes n'ont pas l'objectif de battre les plus grands. Ainsi, ils jouent le jeu d'une manière plus jovial, d'une manière plus décontractée, modifiant les règles d'une manière à rendre le jeu à la fois amusant et plein de défis pour tous ceux qui participent. Un esprit ludique décontracté facilite grandement la créativité, l'expérimentation et l'apprentissage de nouvelles compétences tandis qu'un esprit sérieux tend à inhiber ceux-ci en menant une personne à se replier sur les compétences qui ont déjà été bien apprise (un point qui sera élargi dans un futur acompte).


Mes propres études systématiques des jeux d'âge mixte ont pris place principalement à l'école de Sudbury Valley, comme je l'ai indiqué dans des acomptes précédents, les élèves, qui ont entre quatre et dix-huit ans, interagissent les uns avec les autres librement selon leurs souhaits et à n'importe quel moment de la journée. Dans un essai qu'il a écrit il y a quelques années et après avoir été diplômé de Sudbury Valley, Michael Greenberg a décrit les parties de football entre personne d'âge différents. Je propose la vaste citation suivante qui illustre à la perfection les valeurs du jeu d'âge mixte.


« Une personne dit, ''Jouons au foot'' à d'autres personnes. Ceux qui se sentent de jouer à ce moment se réunissent sur le terrain. Il y a des enfants de six ans, dix ans et dix-huit ans, il y a même parfois un membre de l'école ou un parent qui se sent de joindre le jeu. Il y a des garçons et des filles. Les équipes sont choisies avec un effort conscient de créer deux côtés équilibrés. Ce qui consiste souvent en une équipe ayant un 'grand enfant' qui peut jouer assez bien et une autre équipe ayant une petite armée d'enfants de six ans qui pourront se mettre sur son chemin. Les gens veulent des équipes équilibrées car ils jouent pour rigoler. Ce n'est pas drôle de jouer à un jeu avec des équipes asymétriques. Le jeu est joué par ceux qui veulent jouer aussi longtemps qu'ils se sentent de jouer. Il y en a toujours certain qui donne de la valeur à la victoire, mais il y a peu de pression pour obtenir des performances. La plupart ne se soucis pas beaucoup de savoir qui va gagner.


« Maintenant, vous pourriez avoir l'impression que les personnes ne font pas beaucoup d'efforts pour être bon dans le jeu, mais ce n'est pas vrai. Le processus du jeu n'est pas seulement amusant si vous faites des efforts et vous défiez vous-même. C'est pourquoi les personnes ont développé l'idée de jeux tel que le football au commencement. Courir dans tous les sens sans raison devient vite ennuyeux, mais courir dans tous les sens pour taper dans un ballon et le mettre entre deux piquets gardés par une personne qui essaye de vous en empêcher, c'est excitant.


« Les personnes qui font du sport tel qu'on le pratique à l'école Sudbury Valley apprennent des leçons bien plus profonde à propos de la vie que celles qui sont enseignées dans les sports organisés pour la performance. Ils apprennent le travail d'équipe, pas le genre de travail en équipe qui nourrit le « nous contre eux », mais celui d'un groupe de personnes ayant des talents divers s'organisant eux-même à la poursuite d'une activité commune, le travail d'équipe de la vie. Ils apprennent l'excellence, pas le genre d'excellence « je suis une star » mais celle qui vient des critères établis par soi-même et que l'on essaye d'atteindre de son mieux.
« J'ai vingt-trois ans et j'ai beaucoup joué au foot. Ce serait idiot de ma part d'essayer d'être meilleur qu'un enfant de huit ans qui se bouscule dans mes jambes à chaque fois que j'essaye de frapper la balle. Je pense que l'enfant de huit ans est trop occupé à courir après les enfants qui sont plus grands qu'eux qu'ils ne sont occupé à essayer d'être le meilleur enfant de huit ans. Dans ce jeu, comme dans la vie réelle, le seul critère qui a de l'importance est celui que vous établissez pour vous-même. Une des vérités profonde que l'on apprend est que nous sommes tous différents les uns des autres et que la pression sur les partenaires et la comparaison des valeurs de chacun n'ont aucun sens. Si vous êtes un enfant de onze ans et que vous êtes avez seulement la permission de jouer avec des enfants de onze ans, il est très difficile d'avoir un aperçu de cette vérité qui déverrouille le sens de l'excellence.


« Vous apprenez aussi la responsabilité et la maîtrise de soi. Dans toutes ces années de jeu très physique comme le rugby, le football et le basket-ball, il n'y a jamais eu de blessures plus importantes qu'une simple coupure ou des bleus. Les personnes jouent à ces jeux dans leurs vêtements habituels sans aucun des critères de sécurité qui sont normalement requis. Comment pouvons-nous expliquer cela quand des personnes qui portent des protections arrivent à se blesser de manière fréquente ? Parce qu'ils sont organisés pour atteindre des performances dans le sport (comme dans la vie), s'assurer que l'on ne blesse personne est devenu moins important que la victoire. Ainsi peu importe de parler beaucoup de fair-play ou d'améliorer les protections à porter, les personnes continueront à se blesser. Quand vous approchez le sport (et la vie) d'une manière ludique, comme un processus excitant, comme quelque chose qui est fait pour la simple joie de le faire, alors ne pas blesser quelqu'un, ne pas altérer l'habileté de jouir de ce même processus devient la priorité supérieure.


« Participer à une activité ou l'affrontement de corps inégaux qui se transforment par le travail d'équipe en une poursuite de l'excellence personnelle, de la responsabilité et de la maîtrise de soi et en une union commune d'âmes égales à la poursuite d'une expérience pleine de sens a été pour moi l'expérience la plus profonde de ma vie. Je suis sûr que cela à eu un effet similaire sur les autres. » [1]


Dans nos observations systématiques à Sudbury Valley (noté dans un acompte précédent), Jay Feldman et moi-même avons enregistré des événements de jeu d'âge mixte montrant de nombreuses similitudes avec la description de Michael Greenberg. Dans un cas, par exemple, Feldman a regardé un grand garçon de quinze ans jouer du basket-ball avec un groupe d'enfants plus jeunes, de huit à dix ans. L'enfant plus âgé ne lançait pas souvent la balle au panier, mais sembler passer le plus clair du temps à dribbler tandis que la bande de plus jeunes garçons qui constituait l'équipe opposée essayait de lui prendre la balle. Alors il la passait à son seul coéquipier (de huit ans) et l'encourageait à tirer au panier. En dribblant et en faisant des passes plutôt que de tirer, l'enfant plus âgé rendit le jeu amusant et plein de défis, non pas seulement pour les enfants plus jeunes mais aussi pour lui-même. Lancer le ballon dans le panier est trop simple pour être amusant quand personne n'est assez grand pour parer ses tirs, mais dribbler tout un groupe de petites personnes qui essayent de lui voler la balle est un moyen génial, drôle d'améliorer le dribble. Ici est un autre exemple, cité d'un de nos articles, qui illustre la créativité, et la nature légère du jeu athlétique des âges mixtes :


« Dans un jeu de capture de drapeau où les âges sont mixtes, une équipe, les « Grandes Personnes », consistait de trois adolescents et un enfant de onze ans, l'autre équipe, la « Horde », consistait de dix enfants de quatre à huit ans et un de douze ans. Larry (4 ans) se met souvent à courir dans le camp adverse et se fait capturer par Sam (17 ans) dans une scène qui comporte un grand nombre de chatouilles tout en soulevant Larry dans une parodie de combat. Après que Larry soit reposé, il sautille joyeusement jusqu'à son camp sans passer par la prison. Souvent une ou plusieurs des Grandes Personnes traverse le territoire de la Horde, pas pour aller capturer le drapeau mais simplement pour courir de tous les côtés avec une bande de petits enfants leur courant après. Personne ne semble véritablement focalisé sur la victoire, mais quand la Horde capture finalement le drapeau, ils se mettent à exprimer leur joie avec éclat. » [2]


De la même façon, les jeux de plateaux et de cartes sont joué de manière plus jovial, créative et d'une manière non compétitive quand l'âge des joueurs varie largement que lorsqu'il est d'âge égal. Feldman a observé de nombreux jeux d'échecs, qui apparaissent être à la mode au moment de sa recherche. Les jeux joués par des joueurs équitablement équilibrés tends à être particulièrement sérieux, les joueurs semblent participer pour la victoire. Les jeux entre joueurs déséquilibrés, qui généralement diffère largement en âge, étaient plus créatif et léger. Pour rendre le jeu intéressant, les joueurs plus âgés se rajoutent généralement des handicaps à eux-même pour se mettre délibérément dans des situations difficiles et montreraient de meilleurs mouvements aux joueurs les plus jeunes. Les plus vieux joueurs semblaient utiliser de tels jeux pour expérimenter de nouvelle façon de jouer qu'ils n'étaient pas vraiment prêts à essayer dans un jeu plus sérieux.


Certaines des parties de jeux les plus créatives et joyeuses dont j'ai été témoin impliquait des adolescents et de jeunes enfants engagés ensemble dans le partage d'un jeu fantaisiste. Voici une autre citation décrivant une telle scène que j'ai observée il n'y a pas si longtemps :


« J'étais assis dans la salle de jeu à l'école Sudbury Valley à prétendre que je lisais un livre tout en observant furtivement une scène remarquable. Un garçon de treize ans et deux autres de sept ans était en train de créer pour leur propre divertissement une histoire fantastique mettant en scène des personnages héroïques, des monstres et des batailles. Les enfants de sept ans criaient avec joie les idées qui leur passaient par la tête à propos de ce qui se passerait par la suite, tandis que l'enfant de 13 ans, en artiste excellent, traduisait les idées en une histoire cohérente et dessinait les scènes sur le tableau noir à peu près aussi rapidement que le jeune enfant pouvait les décrire. Le jeu continua pendant au moins une demi-heure, ce qui était la durée que je me permis à regarder avant d'aller ailleurs. Je me sentis privilégié de jouir d'une création artistique qui, je le sais, n'aurais pas pu être produite par un enfant de sept ans seul et presque certain qu'il n'aurait pas pu être produit par des enfants de treize ans seul. L'enthousiasme sans limites et les images créatives des enfants de sept ans que j'ai observé, combiné avec la narration avancée et les habiletés artistique de l'enfant de 13 ans avec lequel ils ont joué a fourni le mélange chimique idéal pour que cette explosion créative prenne place. » [3]


La mixité des âges est parfois un moyen pour faire correspondre les capacités.


Mon intérêt principal dans cet essai a concerné la valeur du jeu parmi les personnes ayant des capacités inégales. Toutefois, avant de fermer le sujet, je voudrais ajouter que le jeu librement choisi parmi les personnes ayant des capacités relativement égales a aussi de la valeur. En général, les enfants qui ont un âge similaire ont davantage d'habileté que ceux qui ont des âges différents, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans certains environnements où les âges sont mélangés, une personne qui a de l'avance ou du retard par rapport à ceux de son âge dans certains domaines d'activité peut trouver des partenaires égaux parmi les enfants plus vieux ou plus jeunes. L'enfant qui est maladroit dans l'escalade peut jouer à grimper sur les rocher et aux arbres avec les enfants plus jeunes sans se sentir constamment laissé derrière, et de cette façon il peut améliorer ses capacités d'escalade. Le joueur de onze ans talentueux à la guitare qui a des habiletés musicales est bien au-delà des capacités de ceux de son âge, il peut faire des petits concerts avec les adolescents qui sont à son niveau.


Feldman a observé un certain nombre d'exemples de ces élèves de l'école Sudbury Valley qui était avancé pour leur âge dans leurs habiletés et allait jouait fréquemment avec des enfants plus âgés. Un exemple est celui de Randy qui avait 12 ans, un excellent joueur d'échecs qui participa à des tournois et entra dans des classements officiels. Ses seuls partenaires de jeu à l'école étaient Jack (17 ans), Elana (17 ans) et Ken (18 ans). Tous ses jeux sérieux, qui concernaient la mesure de ses propres progrès, étaient avec ses élèves plus âgés. Il pouvait pratiquer de nouveaux mouvements dans le jeu avec ses camarades de son âge et des enfants plus jeunes, mais il se testait lui-même au jeu avec des élèves qui avait cinq à six ans de plus que lui-même.


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J’apprécierais de vous entendre à propos de souvenirs de jeux d'âge mixte, ou des observations d'enfant jouant que vous connaissez, dans vos commentaires dans la section ci-dessous. Dans mon prochain acompte, la semaine prochaine, je décrirais par quels moyens les enfants plus âgés servent de modèles, d'enseignants et de conseillers naturels pour les plus jeunes.
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Références
1. Greenberg, M. (1992). On the nature of sports at S.V.S. and the limitations of language in describing S.V.S. to the world. In D. Greenberg (Ed.), The Sudbury Valley School experience, 3rd ed. Framingham, MA: Sudbury Valley School Press.
2. Gray, P. & Feldman, J. (2004). Playing in the Zone of Proximal Development: Qualities of Self-Directed Age Mixing Between Adolescents and Young Children at a Democratic School. American Journal of Education, 110, 108-145.
3. Gray, P. The value of age-mixed play. Education Week, April 16, 2008.

Publié le 17 Septembre 2008 par Peter Gray

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