mercredi 20 août 2014

Libre d'apprendre BLOG11 : Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. Partie 3

Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge
Partie 3 : Les enfants plus âgés sont d'excellent
s modèles, aides et enseignants.
Pourquoi la mixité des âges est cruciale à l'auto-éducation des enfants


Nous les adultes, nous flattons nous-même quand nous pensons que nous sommes les meilleurs modèles, guides et enseignants pour les enfants. Les enfants sont bien plus intéressés envers les autres enfants qu'ils ne le sont par nous. Les enfants sont particulièrement intéressés et prêts à apprendre de ceux qui sont un petit peu plus vieux qu'eux-mêmes, une sorte de petit père qui accompagne son développement mais qui n'est pas trop éloigné de lui. Les enfants sont attirés par les enfants plus âgés et ceux-ci sont attirés par les adolescents. L'âge adulte est trop éloigné pour être une préoccupation. C'est pourquoi la mixité des âges est cruciale à l'auto-éducation des enfants.


Dans mes deux précédents acomptes, j'ai porté mon attention sur la valeur de la mixité des âges dans le jeu. J'ai décris comment les enfants plus jeunes sont soulevés dans de tels jeux pour faire ce qu'ils ne pourrait pas faire avec des partenaires du même âge, et j'ai décris comment la mixité des âges dans le jeu est bien souvent plus créative et moins compétitive et est propice à de l'expérimentation que durant des jeux entre personne du même âge. Maintenant je vais compléter cette série sur le mélange des âges en décrivant quelques façons, au-delà du jeu, par laquelle la présence d'enfants plus vieux et plus jeunes encourage l'auto-éducation. Comme avant, mes exemples vient principalement d'observations de l'école Sudbury Valley, où les étudiants, qui ont entre quatre et dix-huit ans se mêlent les uns aux autres toute la journée.


Les enfants plus jeunes veulent faire ce que les plus vieux font.


Un matin ensoleillé alors que j'étais assis près du terrain de jeu de l'école, j'ai regardé deux filles de dix ans qui accomplissaient facilement et nonchalamment le numéro qui consistait à descendre du toboggan debout. À côté, une fille de six ans qui les regardait avec plus d'intensité que moi-même, grimpa l'échelle et commença à descendre avec précaution le toboggan à son tour. Il s'agissait clairement d'un défi pour elle. Elle descendait avec les genoux repliés et les mains abaissés, prêtent à attraper le rail si elle perdait son équilibre. J'ai aussi remarqué que les deux filles plus âgées restaient près du toboggan et regardaient avec une petite mesure d'inquiétude, prête à la rattraper en cas de chute sans le manifester clairement. L'un a dit, « Tu n'as pas besoin de faire ça, tu peux juste glisser. », mais la petite fille continua, doucement et rayonna de fierté quand elle atterrit au sol. Peu de temps après, les deux filles plus âgées commencèrent à escalader un arbre proche, et la plus jeune fille les suivit aussi dans cette activité. La petite fille avait clairement la motivation d'accomplir avec effort ce que les filles plus grandes faisaient avec aisance.


C'est juste une des nombreuses observations de la façon dont les jeunes enfants modèlent leurs comportements à la suite des plus vieux. Les enfants à la frontière d'être capable de jouer à des jeux de stratégie, ou de lire, ou de réaliser de nouvelles opérations sur l'ordinateur, ou de s'engager dans des activités athlétiques avancées obtiennent la motivation de le faire en observant ces activités chez les enfants plus âgés et les adolescents. Dans notre étude pour comprendre comment et pourquoi les enfants apprennent à lire à l'école, certains nous ont dit qu'ils voulaient apprendre à lire parce qu'ils étaient envieux des enfants plus âgés qui lisaient et parlaient de sujets concernant ce qu'ils lisaient. Comme un élève nous l'exprime, « Je voulais la même magie qu'ils avaient, Je voulais rejoindre le club. »


Les enfants plus jeunes n'imitent pas aveuglément les plus vieux. Mais plutôt, ils regardent, pensent à ce qu'ils voient et incorporent ce qu'ils ont appris dans leur propre comportement d'une façon qui a un sens pour eux. À cause de cela, même les erreurs et les comportements malsains des autres enfants peuvent fournir des leçons positives pour les plus jeunes. Les jeunes enfants parlent sans cesse de ce qu'ils aiment et de ce qu'ils n'aiment pas à propos des activités des plus vieux autour d'eux. Les modèles négatifs peuvent être aussi utiles que ceux positifs. « Je ne vais pas faire ce que X fait parce que je vois bien tous les troubles que cela lui a amenés. »


Les enfants apprennent aussi une quantité énorme simplement en écoutant ou en regardant par-dessus les épaules des plus vieux, même lorsqu'ils n'interagissent pas ensemble. En écoutant le langage et les pensées des enfants plus âgés, qui sont plus compliqués que les leurs, mais pas trop pour ne pas être hors d'atteinte, ils étendent leur propre vocabulaire et l'éventail de leurs pensées.


Les enfants les plus âgés sont aussi inspirés par les plus jeunes.


Ce n'est pas seulement les jeunes enfants qui voient leurs horizons s'étendre dans un environnement d'âge mixte. À Sudbury Valley, les enfants les plus âgés et les adolescents sont inspirés par les jouets et les actions des plus jeunes pour continuer à s'engager dans des activités qu'ils auraient probablement laissé tomber à la mi-enfance dans un environnement où les âges sont séparés.


Les enfants les plus âgés sont d'excellents aides et conseils pour les enfants plus jeunes, en partie parce qu'ils n'aident et ne conseil par trop.


Les enfants préfèrent souvent demander de l'aide ou un conseil à un enfant plus vieux qu'à un adulte, même lorsqu'un adulte est disponible et avec lequel ils pourraient parler facilement. Je soupçonne qu'il y a de nombreuses raisons à cela, mais une des raisons principale, je pense, est lié au contrôle.


Les enfants qui cherchent de l'aide ou un conseil ne souhaitent pas laisser tomber leur propre contrôle de la situation. Ils ne veulent pas davantage d'aide que ce qu'ils demandent et souhaitent choisir par eux-même si oui ou non ils acceptent ce qui est offert. Comme les adultes sont vraisemblablement vu davantage comme des figures d'autorités que le sont les enfants plus âgés, il est plus difficile pour eux de rejeter l'aide d'un adulte ou de s'en aller quand le conseil va au-delà de ce que l'enfant veut. De plus, dans mes observations, les enfants plus vieux vont fournir des conseils et de l'aide qui ne s'étendent pas plus loin, comme le font les adultes, que ce que le jeune enfant veux. Les enfants plus âgés ne se soucis pas du développement à long terme de l'enfant qui a demandé de l'aide ou de savoir si oui ou non ils viennent voir un enseignant et un guide merveilleux, ils donnent simplement l'aide qui a été demandé, ce qui est tout ce que veut l'enfant plus jeune.


Dans une des observations de Jay Feldman, par exemple, Sue qui a cinq ans a demandé à Anne qui a huit ans d'enfiler une aiguille sur un métier à tisser des perles qu'elle avait besoin pour compléter le bracelet qu'elle était en train de faire. [1] Après qu'Anne enfila l'aiguille, Sue continua son travaille d'elle-même sans recevoir davantage d'aide, et Anne n'en offrit pas, même lorsque Sue continua à avoir des difficultés avec le métier à tisser et qu'elle fit de nombreuses erreurs. Si Sue avait demandé à un adulte d'enfiler l'aiguille plutôt qu'à un enfant plus vieux, l'adulte aurait tourné autour de Sue et l'aurait aidé avec d'autres parties de son projet, ce qui aurait enlevé la fierté de Sue d'accomplir le travail par elle-même. Sue ne voulait clairement pas de cette aide supplémentaire, même si le projet était difficile pour elle, il était plus sécurisant de demander à une enfant de huit ans. [Note : Le nom des élèves dans cet exemple et les prochains sont des pseudonymes.]


Ici se trouve une leçon de valeur que nous les adultes pouvons apprendre des enfants à propos de l'aide et des conseils aux enfants : Ne donnez pas plus d'aide et plus de conseils que ce qui est demandé! En songeant à cela, la même leçon s'applique à l'aide et au conseil des adultes. Je sais que lorsque je demande de l'aide, je ne demande pas de la supervision. Je veux juste l'aide que j'ai demandé. Je veux faire le reste par moi-même, même si je ferais plus d'erreurs de cette façon. Un assistant trop zélé s'accapare de mon sens de liberté, d'auto-contrôle et de jeu.


Les enfants les plus âgés sont d'excellents enseignants pour les plus jeunes, en partie parce qu'ils ne sont pas trop éloignés des plus jeunes.


Daniel Greenberg a exprimé ce point dans un de ses livres concernant Sudbury Valley, où il écrit : « Les enfants aiment apprendre des autres enfants. Premièrement, c'est souvent plus facile. L'enfant enseignant est plus proche que ne l'est l'adulte d'un élève en difficulté, ayant rencontré ces même difficultés plus récemment. Les explications sont généralement plus simples, meilleures. Il y a moins de pression, moins de jugement. » [2]


Ce n'est pas seulement que les explications sont plus simples, mais comme elles viennent d'une personne ayant un âge plus proche, ils sont plus faciles à défier. Ils sont plus souvent vu comme des idées à penser plutôt que comme la Vérité, et la compréhension vient de cette pensée, non de l'acceptation aveugle. Voici un exemple d'une des observations de Jay Feldman :


Ed, un enfant de huit ans se plaignait à Arthur un enfant de quatorze ans à propos de deux autres garçons qui se moquait de lui en l'appelant par des noms qu'il n'aimait pas. Arthur a dit à Ed qu'il devrait amener sa plainte devant le comité judiciaire de l'école. Ed lui dit alors, « Ils ont la liberté d 'expression. » Arthur, après un petit temps à réfléchir, lui répondit que la liberté d'expression veut dire qu'ils ont le droit de dire ces choses, mais que Ed aussi a le droit de ne pas les entendre. Ed, après un petit temps de réflexion lui dit « Ok ». [3]


Remarquez que dans cet exemple Ed se sentait suffisamment égal à Arthur pour défier sa suggestion et que ce défi a conduit à une nouvelle idée. Remarquez aussi l'élégance du langage de cet échange. De grandes idées étaient exprimé avec de simple et peu de mots.


Les enfants les plus âgés étendent leurs propres compréhensions à travers les explications des jeunes enfants.


Tout le monde qui a été un enseignant sait que nous apprenons plus quand nous enseignons que lorsque nous sommes enseignés. La nécessité de mettre des idées en mots que d'autres peuvent comprendre, et le besoin de penser aux objections que les autres peuvent avoir nous conduisent à penser profondément à ce que nous pensions savoir. Souvent cela nous conduit à une meilleure compréhension que celle que nous avions avant. Dans un environnement où l'âge est mixte, les enfants et pas seulement les adultes, peuvent apprendre en enseignant.


Dans l'exemple-ci dessus, Arthur, l'enfant de quatorze, « l'enseignant » à probablement appris autant qu'Ed l'enfant de huit ans, « le protégé », dans leur conversation. Le défi d'Ed à la suggestion a conduit Arthur à penser davantage et d'étendre son explication d'une façon qu'il n'avait peut-être pas pensé avant. Les deux personnes sont probablement sorti de la conversation avec une compréhension plus profonde de la démocratie à l'école qu'ils n'en avaient avant.


Un autre exemple, envisageons le cas d'un enfant plus âgé jouant aux échecs ou un autre jeu de stratégie avec un plus jeune et enseignant des stratégies à mesure qu'ils jouent. Quand l'enfant plus âgé a dit au plus jeune que se déplacer de A serait un meilleur mouvement que celui de B, le plus jeune lui dit alors, « Pourquoi ? ». Pour répondre à cela, le joueur expérimenté ne peut pas seulement se fier à ses instincts développés par une longue expérience du jeu d'échecs mais doit articuler une raison. Il doit transformer sa connaissance implicite des échecs en une connaissance consciente et explicite et en faisant cela il devient un meilleur joueur d'échecs. Des exemples similaires prennent place dans tous les domaines d'échange de connaissances et d'idées parmi les personnes qui se sentent libres de poser des questions.


Les enfants les plus âgés développent une compassion et des compétences de soins et de soutien à travers l'aide qu'ils fournissent aux plus jeunes.


Ayant encore plus de valeur que les gains cognitifs qui dérivent des interactions entre les enfants plus jeunes sont les gains moraux. Pour développer efficacement des êtres responsable et éthique, les enfants ont besoin d'expérimenter le soin pour les autres, pas seulement l'expérience d'être soigné par les autres. Les observations dans de nombreuses cultures ont montré qu'à la fois les garçons et les filles se comportent de manière plus attentionnée envers les enfants qui ont plusieurs années de moins qu'eux-même qu'envers les enfants qui ont le même âge. Les petits enfants semblent révéler des instincts de soin qui restent cachés en chacun de nous. Une étude au Kenya a révélé que les garçons qui se sentent concerné par les jeunes frères et sœurs à la maison se comportent de manière moins agressive, plus gentille envers les partenaires du même âge que les garçons qui manquent de cette opportunité. [4] Apparemment, l'instinct de soin est renforcé par les interactions avec les enfants plus jeunes, et une fois renforcé, il se généralise vers les enfants du même âge.


Dans les observations à Sudbury Valley, de nombreux exemples d'enfants prenant soin de plus jeunes peuvent être observés tous les jours. Cela inclut des scènes où les enfants plus âgés lisent aux plus jeunes, qui s'assoient sur leurs genoux, des enfants plus vieux aidant les plus jeunes à trouver les objets perdus ou à fixer des choses qui ont été cassé, un enfant plus vieux qui donne la stimulation nécessaire à un plus jeune alors qu'ils vont réaliser leurs activités journalières. Certaines des scènes les plus intéressantes sont celles dans lesquels les enfants plus âgés critiquent un plus jeune pour son traitement médiocre envers une enfant encore plus jeune. Dans un cas, par exemple, nous avons observé une fille de dix ans expliquer à trois filles de six à huit ans pourquoi elles devraient laisser une fille de quatre ans les rejoindre dans leur jeu. « Comment vous sentiriez vous si vous n'étiez pas inclus vous-même ? » leur dit-elle. Dans un autre cas, nous avons observé un garçon de dix-sept ans réprimander un garçon de 13 ans sur sa méthode peu amicale de rejeter un garçon de huit ans qui demanda de jouer à un jeu avec lui. Les réprimandes que nous avons entendues dans ces exemples étaient beaucoup plus efficace venant d'un enfant plus âgé que si elles étaient venu de la part d'un adulte.
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(1) permet aux enfants plus jeunes de s'engager dans des activités collaboratives qu'ils ne pourrait pas entreprendre avec seulement ceux de leurs âges.
(2) encourage la non-compétitivité et la créativité de formes de jeux qui sont idéales pour acquérir de nouvelles compétences.
(3) permet à ceux qui sont en avance ou en retard dans certains domaines de trouver d'autres partenaires qui sont à leur niveau.
(4) permet en enfants plus jeunes d'être inspiré par les activités des plus âgés et vice-versa.
(5) permet aux enfants plus jeunes de recevoir de l'aide et des conseils sans laisser tomber leur propre autonomie.
(6) permet à des enfants plus âgés d'apprendre par l'enseignement.
(7) permet aux enfants plus âgés de pratiquer le soin pour les plus jeunes et de développer un sens de la responsabilité et de la maturité.
Quand nous séparons les enfants par groupes d'âge, dans les écoles ou dans les autres environnements, nous les privons de tout cela. Nous les dépossédons de l'opportunité d'utiliser entièrement leurs moyens naturels d'apprendre les uns des autres.
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Références
[1] Feldman, J. (1997). The educational opportunities that lie in self-directed age mixing among children and adolescents. Ph.D. dissertation, Department of Psychology, Boston College, 1997.
[2] Greenberg, D. (1987). Free at last: the Sudbury Valley School. Framingham, MA: SudburyValley School Press.
[3] Gray. P. & Feldman, J. (2004). Playing in the zone of proximal development: Qualities of self-directed age mixing between adolescents and young children at a democratic school. American Journal of Education, 110, 108-145.
[4] Ember, C. R. (1973).Feminine task assignment and the social behavior of boys. Ethos, 1, 424-439.

Publié le 24 Septembre 2008 par Peter Gray

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