Pourquoi
devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge
Partie 3 : Les enfants plus âgés sont d'excellents modèles, aides et enseignants.
Partie 3 : Les enfants plus âgés sont d'excellents modèles, aides et enseignants.
Pourquoi la mixité des âges est cruciale à l'auto-éducation des
enfants
Nous les adultes,
nous flattons nous-même quand nous pensons que nous sommes les
meilleurs modèles, guides et enseignants pour les enfants. Les
enfants sont bien plus intéressés envers les autres enfants qu'ils
ne le sont par nous. Les enfants sont particulièrement intéressés
et prêts à apprendre de ceux qui sont un petit peu plus vieux
qu'eux-mêmes, une sorte de petit père qui accompagne son
développement mais qui n'est pas trop éloigné de lui. Les enfants
sont attirés par les enfants plus âgés et ceux-ci sont attirés
par les adolescents. L'âge adulte est trop éloigné pour être une
préoccupation. C'est pourquoi la mixité des âges est cruciale à
l'auto-éducation des enfants.
Dans mes deux
précédents acomptes, j'ai porté mon attention sur la valeur de la
mixité des âges dans le jeu. J'ai décris comment les enfants plus
jeunes sont soulevés dans de tels jeux pour faire ce qu'ils ne
pourrait pas faire avec des partenaires du même âge, et j'ai
décris comment la mixité des âges dans le jeu est bien souvent
plus créative et moins compétitive et est propice à de
l'expérimentation que durant des jeux entre personne du même âge.
Maintenant je vais compléter cette série sur le mélange des âges
en décrivant quelques façons, au-delà du jeu, par laquelle la
présence d'enfants plus vieux et plus jeunes encourage
l'auto-éducation. Comme avant, mes exemples vient principalement
d'observations de l'école Sudbury Valley, où les étudiants, qui
ont entre quatre et dix-huit ans se mêlent les uns aux autres toute
la journée.
Les
enfants plus jeunes veulent faire ce que les plus vieux font.
Un matin
ensoleillé alors que j'étais assis près du terrain de jeu de
l'école, j'ai regardé deux filles de dix ans qui accomplissaient
facilement et nonchalamment le numéro qui consistait à descendre
du toboggan debout. À côté, une fille de six ans qui les
regardait avec plus d'intensité que moi-même, grimpa l'échelle et
commença à descendre avec précaution le toboggan à son tour. Il
s'agissait clairement d'un défi pour elle. Elle descendait avec les
genoux repliés et les mains abaissés, prêtent à attraper le rail
si elle perdait son équilibre. J'ai aussi remarqué que les deux
filles plus âgées restaient près du toboggan et regardaient avec
une petite mesure d'inquiétude, prête à la rattraper en cas de
chute sans le manifester clairement. L'un a dit, « Tu n'as pas
besoin de faire ça, tu peux juste glisser. », mais la petite
fille continua, doucement et rayonna de fierté quand elle atterrit
au sol. Peu de temps après, les deux filles plus âgées
commencèrent à escalader un arbre proche, et la plus jeune fille
les suivit aussi dans cette activité. La petite fille avait
clairement la motivation d'accomplir avec effort ce que les filles
plus grandes faisaient avec aisance.
C'est juste une
des nombreuses observations de la façon dont les jeunes enfants
modèlent leurs comportements à la suite des plus vieux. Les
enfants à la frontière d'être capable de jouer à des jeux de
stratégie, ou de lire, ou de réaliser de nouvelles opérations sur
l'ordinateur, ou de s'engager dans des activités athlétiques
avancées obtiennent la motivation de le faire en observant ces
activités chez les enfants plus âgés et les adolescents. Dans
notre étude pour comprendre comment et pourquoi les enfants
apprennent à lire à l'école, certains nous ont dit qu'ils
voulaient apprendre à lire parce qu'ils étaient envieux des
enfants plus âgés qui lisaient et parlaient de sujets concernant
ce qu'ils lisaient. Comme un élève nous l'exprime, « Je
voulais la même magie qu'ils avaient, Je voulais rejoindre le
club. »
Les enfants plus
jeunes n'imitent pas aveuglément les plus vieux. Mais plutôt, ils
regardent, pensent à ce qu'ils voient et incorporent ce qu'ils ont
appris dans leur propre comportement d'une façon qui a un sens pour
eux. À cause de cela, même les erreurs et les comportements
malsains des autres enfants peuvent fournir des leçons positives
pour les plus jeunes. Les jeunes enfants parlent sans cesse de ce
qu'ils aiment et de ce qu'ils n'aiment pas à propos des activités
des plus vieux autour d'eux. Les modèles négatifs peuvent être
aussi utiles que ceux positifs. « Je ne vais pas faire ce que
X fait parce que je vois bien tous les troubles que cela lui a
amenés. »
Les enfants
apprennent aussi une quantité énorme simplement en écoutant ou en
regardant par-dessus les épaules des plus vieux, même lorsqu'ils
n'interagissent pas ensemble. En écoutant le langage et les pensées
des enfants plus âgés, qui sont plus compliqués que les leurs,
mais pas trop pour ne pas être hors d'atteinte, ils étendent leur
propre vocabulaire et l'éventail de leurs pensées.
Les
enfants les plus âgés sont aussi inspirés
par les plus jeunes.
Ce n'est pas
seulement les jeunes enfants qui voient leurs horizons s'étendre
dans un environnement d'âge mixte. À Sudbury Valley, les enfants
les plus âgés et les adolescents sont inspirés par les jouets et
les actions des plus jeunes pour continuer à s'engager dans des
activités qu'ils auraient probablement laissé tomber à la
mi-enfance dans un environnement où les âges sont séparés.
Les
enfants les plus âgés sont d'excellents
aides et conseils pour les enfants plus jeunes, en partie parce
qu'ils n'aident et ne conseil par trop.
Les enfants
préfèrent souvent demander de l'aide ou un conseil à un enfant
plus vieux qu'à un adulte, même lorsqu'un adulte est disponible et
avec lequel ils pourraient parler facilement. Je soupçonne qu'il y
a de nombreuses raisons à cela, mais une des raisons principale, je
pense, est lié au contrôle.
Les enfants qui
cherchent de l'aide ou un conseil ne souhaitent pas laisser tomber
leur propre contrôle de la situation. Ils ne veulent pas davantage
d'aide que ce qu'ils demandent et souhaitent choisir par eux-même
si oui ou non ils acceptent ce qui est offert. Comme les adultes
sont vraisemblablement vu davantage comme des figures d'autorités
que le sont les enfants plus âgés, il est plus difficile pour eux
de rejeter l'aide d'un adulte ou de s'en aller quand le conseil va
au-delà de ce que l'enfant veut. De plus, dans mes observations,
les enfants plus vieux vont fournir des conseils et de l'aide qui ne
s'étendent pas plus loin, comme le font les adultes, que ce que le
jeune enfant veux. Les enfants plus âgés ne se soucis pas du
développement à long terme de l'enfant qui a demandé de l'aide ou
de savoir si oui ou non ils viennent voir un enseignant et un guide
merveilleux, ils donnent simplement l'aide qui a été demandé, ce
qui est tout ce que veut l'enfant plus jeune.
Dans une des
observations de Jay Feldman, par exemple, Sue qui a cinq ans a
demandé à Anne qui a huit ans d'enfiler une aiguille sur un métier
à tisser des perles qu'elle avait besoin pour compléter le
bracelet qu'elle était en train de faire. [1]
Après qu'Anne enfila l'aiguille, Sue continua son travaille
d'elle-même sans recevoir davantage d'aide, et Anne n'en offrit
pas, même lorsque Sue continua à avoir des difficultés avec le
métier à tisser et qu'elle fit de nombreuses erreurs. Si Sue avait
demandé à un adulte d'enfiler l'aiguille plutôt qu'à un enfant
plus vieux, l'adulte aurait tourné autour de Sue et l'aurait aidé
avec d'autres parties de son projet, ce qui aurait enlevé la fierté
de Sue d'accomplir le travail par elle-même. Sue ne voulait
clairement pas de cette aide supplémentaire, même si le projet
était difficile pour elle, il était plus sécurisant de demander à
une enfant de huit ans. [Note : Le nom des élèves dans cet
exemple et les prochains sont des pseudonymes.]
Ici
se trouve une leçon de valeur que nous les adultes pouvons
apprendre des enfants à propos de l'aide et des conseils aux
enfants : Ne donnez pas plus
d'aide et plus de conseils que ce qui est demandé! En
songeant à cela, la même leçon s'applique à l'aide et au conseil
des adultes. Je sais que lorsque je demande de l'aide, je ne demande
pas de la supervision. Je veux juste l'aide que j'ai demandé. Je
veux faire le reste par moi-même, même si je ferais plus d'erreurs
de cette façon. Un assistant trop zélé s'accapare de mon sens de
liberté, d'auto-contrôle et de jeu.
Les
enfants les plus âgés sont d'excellents
enseignants pour les plus jeunes, en partie parce qu'ils ne sont pas
trop éloignés des
plus jeunes.
Daniel Greenberg
a exprimé ce point dans un de ses livres concernant Sudbury Valley,
où il écrit : « Les enfants aiment apprendre des autres
enfants. Premièrement, c'est souvent plus facile. L'enfant
enseignant est plus proche que ne l'est l'adulte d'un élève en
difficulté, ayant rencontré ces même difficultés plus récemment.
Les explications sont généralement plus simples, meilleures. Il y
a moins de pression, moins de jugement. » [2]
Ce n'est pas
seulement que les explications sont plus simples, mais comme elles
viennent d'une personne ayant un âge plus proche, ils sont plus
faciles à défier. Ils sont plus souvent vu comme des idées à
penser plutôt que comme la Vérité, et la compréhension vient de
cette pensée, non de l'acceptation aveugle. Voici un exemple d'une
des observations de Jay Feldman :
Ed, un enfant de
huit ans se plaignait à Arthur un enfant de quatorze ans à propos
de deux autres garçons qui se moquait de lui en l'appelant par des
noms qu'il n'aimait pas. Arthur a dit à Ed qu'il devrait amener sa
plainte devant le comité judiciaire de l'école. Ed lui dit alors,
« Ils ont la liberté d 'expression. » Arthur,
après un petit temps à réfléchir, lui répondit que la liberté
d'expression veut dire qu'ils ont le droit de dire ces choses, mais
que Ed aussi a le droit de ne pas les entendre. Ed, après un petit
temps de réflexion lui dit « Ok ». [3]
Remarquez que
dans cet exemple Ed se sentait suffisamment égal à Arthur pour
défier sa suggestion et que ce défi a conduit à une nouvelle
idée. Remarquez aussi l'élégance du langage de cet échange. De
grandes idées étaient exprimé avec de simple et peu de mots.
Les
enfants les plus âgés étendent leurs propres
compréhensions à travers les explications des jeunes enfants.
Tout le monde qui
a été un enseignant sait que nous apprenons plus quand nous
enseignons que lorsque nous sommes enseignés. La nécessité de
mettre des idées en mots que d'autres peuvent comprendre, et le
besoin de penser aux objections que les autres peuvent avoir nous
conduisent à penser profondément à ce que nous pensions savoir.
Souvent cela nous conduit à une meilleure compréhension que celle
que nous avions avant. Dans un environnement où l'âge est mixte,
les enfants et pas seulement les adultes, peuvent apprendre en
enseignant.
Dans l'exemple-ci
dessus, Arthur, l'enfant de quatorze, « l'enseignant » à
probablement appris autant qu'Ed l'enfant de huit ans, « le
protégé », dans leur conversation. Le défi d'Ed à la
suggestion a conduit Arthur à penser davantage et d'étendre son
explication d'une façon qu'il n'avait peut-être pas pensé avant.
Les deux personnes sont probablement sorti de la conversation avec
une compréhension plus profonde de la démocratie à l'école
qu'ils n'en avaient avant.
Un autre exemple,
envisageons le cas d'un enfant plus âgé jouant aux échecs ou un
autre jeu de stratégie avec un plus jeune et enseignant des
stratégies à mesure qu'ils jouent. Quand l'enfant plus âgé a dit
au plus jeune que se déplacer de A serait un meilleur mouvement que
celui de B, le plus jeune lui dit alors, « Pourquoi ? ».
Pour répondre à cela, le joueur expérimenté ne peut pas
seulement se fier à ses instincts développés par une longue
expérience du jeu d'échecs mais doit articuler une raison. Il doit
transformer sa connaissance implicite des échecs en une
connaissance consciente et explicite et en faisant cela il devient
un meilleur joueur d'échecs. Des exemples similaires prennent place
dans tous les domaines d'échange de connaissances et d'idées parmi
les personnes qui se sentent libres de poser des questions.
Les
enfants les plus âgés développent une compassion et des
compétences de soins et
de soutien à travers
l'aide qu'ils fournissent aux plus jeunes.
Ayant encore plus
de valeur que les gains cognitifs qui dérivent des interactions
entre les enfants plus jeunes sont les gains moraux. Pour développer
efficacement des êtres responsable et éthique, les enfants ont
besoin d'expérimenter le soin pour les autres, pas seulement
l'expérience d'être soigné par les autres. Les observations dans
de nombreuses cultures ont montré qu'à la fois les garçons et les
filles se comportent de manière plus attentionnée envers les
enfants qui ont plusieurs années de moins qu'eux-même qu'envers
les enfants qui ont le même âge. Les petits enfants semblent
révéler des instincts de soin qui restent cachés en chacun de
nous. Une étude au Kenya a révélé que les garçons qui se
sentent concerné par les jeunes frères et sœurs à la maison se
comportent de manière moins agressive, plus gentille envers les
partenaires du même âge que les garçons qui manquent de cette
opportunité. [4]
Apparemment, l'instinct de soin est renforcé par les interactions
avec les enfants plus jeunes, et une fois renforcé, il se
généralise vers les enfants du même âge.
Dans les
observations à Sudbury Valley, de nombreux exemples d'enfants
prenant soin de plus jeunes peuvent être observés tous les jours.
Cela inclut des scènes où les enfants plus âgés lisent aux plus
jeunes, qui s'assoient sur leurs genoux, des enfants plus vieux
aidant les plus jeunes à trouver les objets perdus ou à fixer des
choses qui ont été cassé, un enfant plus vieux qui donne la
stimulation nécessaire à un plus jeune alors qu'ils vont réaliser
leurs activités journalières. Certaines des scènes les plus
intéressantes sont celles dans lesquels les enfants plus âgés
critiquent un plus jeune pour son traitement médiocre envers une
enfant encore plus jeune. Dans un cas, par exemple, nous avons
observé une fille de dix ans expliquer à trois filles de six à
huit ans pourquoi elles devraient laisser une fille de quatre ans
les rejoindre dans leur jeu. « Comment vous sentiriez vous si
vous n'étiez pas inclus vous-même ? » leur dit-elle.
Dans un autre cas, nous avons observé un garçon de dix-sept ans
réprimander un garçon de 13 ans sur sa méthode peu amicale de
rejeter un garçon de huit ans qui demanda de jouer à un jeu avec
lui. Les réprimandes que nous avons entendues dans ces exemples
étaient beaucoup plus efficace venant d'un enfant plus âgé que si
elles étaient venu de la part d'un adulte.
------
(1) permet
aux enfants plus jeunes de s'engager dans des activités
collaboratives qu'ils ne pourrait pas entreprendre avec seulement
ceux de leurs âges.
(2)
encourage la non-compétitivité et la créativité de formes de
jeux qui sont idéales pour acquérir de nouvelles compétences.
(3)
permet à ceux qui sont en avance ou en retard dans certains
domaines de trouver d'autres partenaires qui sont à leur niveau.
(4)
permet en enfants plus jeunes d'être inspiré par les activités
des plus âgés et vice-versa.
(5)
permet aux enfants plus jeunes
de recevoir de l'aide et des conseils sans laisser tomber leur
propre autonomie.
(6)
permet à des enfants plus âgés
d'apprendre par l'enseignement.
(7) permet aux enfants plus âgés de pratiquer le soin pour les
plus jeunes et de développer un sens de la responsabilité et de la
maturité.
Quand nous séparons les enfants par groupes d'âge, dans les écoles
ou dans les autres environnements, nous les privons de tout cela.
Nous les dépossédons de l'opportunité d'utiliser entièrement
leurs moyens naturels d'apprendre les uns des autres.
-----------
Références
[1] Feldman, J. (1997). The educational opportunities that lie in self-directed age mixing among children and adolescents. Ph.D. dissertation, Department of Psychology, Boston College, 1997.
[2] Greenberg, D. (1987). Free at last: the Sudbury Valley School. Framingham, MA: SudburyValley School Press.
[3] Gray. P. & Feldman, J. (2004). Playing in the zone of proximal development: Qualities of self-directed age mixing between adolescents and young children at a democratic school. American Journal of Education, 110, 108-145.
Références
[1] Feldman, J. (1997). The educational opportunities that lie in self-directed age mixing among children and adolescents. Ph.D. dissertation, Department of Psychology, Boston College, 1997.
[2] Greenberg, D. (1987). Free at last: the Sudbury Valley School. Framingham, MA: SudburyValley School Press.
[3] Gray. P. & Feldman, J. (2004). Playing in the zone of proximal development: Qualities of self-directed age mixing between adolescents and young children at a democratic school. American Journal of Education, 110, 108-145.
[4] Ember, C. R.
(1973).Feminine task assignment and the social behavior of boys.
Ethos, 1, 424-439.
Publié le 24 Septembre 2008 par Peter Gray