mercredi 20 août 2014

Libre d'apprendre BLOG11 : Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. Partie 3

Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge
Partie 3 : Les enfants plus âgés sont d'excellent
s modèles, aides et enseignants.
Pourquoi la mixité des âges est cruciale à l'auto-éducation des enfants


Nous les adultes, nous flattons nous-même quand nous pensons que nous sommes les meilleurs modèles, guides et enseignants pour les enfants. Les enfants sont bien plus intéressés envers les autres enfants qu'ils ne le sont par nous. Les enfants sont particulièrement intéressés et prêts à apprendre de ceux qui sont un petit peu plus vieux qu'eux-mêmes, une sorte de petit père qui accompagne son développement mais qui n'est pas trop éloigné de lui. Les enfants sont attirés par les enfants plus âgés et ceux-ci sont attirés par les adolescents. L'âge adulte est trop éloigné pour être une préoccupation. C'est pourquoi la mixité des âges est cruciale à l'auto-éducation des enfants.


Dans mes deux précédents acomptes, j'ai porté mon attention sur la valeur de la mixité des âges dans le jeu. J'ai décris comment les enfants plus jeunes sont soulevés dans de tels jeux pour faire ce qu'ils ne pourrait pas faire avec des partenaires du même âge, et j'ai décris comment la mixité des âges dans le jeu est bien souvent plus créative et moins compétitive et est propice à de l'expérimentation que durant des jeux entre personne du même âge. Maintenant je vais compléter cette série sur le mélange des âges en décrivant quelques façons, au-delà du jeu, par laquelle la présence d'enfants plus vieux et plus jeunes encourage l'auto-éducation. Comme avant, mes exemples vient principalement d'observations de l'école Sudbury Valley, où les étudiants, qui ont entre quatre et dix-huit ans se mêlent les uns aux autres toute la journée.


Les enfants plus jeunes veulent faire ce que les plus vieux font.


Un matin ensoleillé alors que j'étais assis près du terrain de jeu de l'école, j'ai regardé deux filles de dix ans qui accomplissaient facilement et nonchalamment le numéro qui consistait à descendre du toboggan debout. À côté, une fille de six ans qui les regardait avec plus d'intensité que moi-même, grimpa l'échelle et commença à descendre avec précaution le toboggan à son tour. Il s'agissait clairement d'un défi pour elle. Elle descendait avec les genoux repliés et les mains abaissés, prêtent à attraper le rail si elle perdait son équilibre. J'ai aussi remarqué que les deux filles plus âgées restaient près du toboggan et regardaient avec une petite mesure d'inquiétude, prête à la rattraper en cas de chute sans le manifester clairement. L'un a dit, « Tu n'as pas besoin de faire ça, tu peux juste glisser. », mais la petite fille continua, doucement et rayonna de fierté quand elle atterrit au sol. Peu de temps après, les deux filles plus âgées commencèrent à escalader un arbre proche, et la plus jeune fille les suivit aussi dans cette activité. La petite fille avait clairement la motivation d'accomplir avec effort ce que les filles plus grandes faisaient avec aisance.


C'est juste une des nombreuses observations de la façon dont les jeunes enfants modèlent leurs comportements à la suite des plus vieux. Les enfants à la frontière d'être capable de jouer à des jeux de stratégie, ou de lire, ou de réaliser de nouvelles opérations sur l'ordinateur, ou de s'engager dans des activités athlétiques avancées obtiennent la motivation de le faire en observant ces activités chez les enfants plus âgés et les adolescents. Dans notre étude pour comprendre comment et pourquoi les enfants apprennent à lire à l'école, certains nous ont dit qu'ils voulaient apprendre à lire parce qu'ils étaient envieux des enfants plus âgés qui lisaient et parlaient de sujets concernant ce qu'ils lisaient. Comme un élève nous l'exprime, « Je voulais la même magie qu'ils avaient, Je voulais rejoindre le club. »


Les enfants plus jeunes n'imitent pas aveuglément les plus vieux. Mais plutôt, ils regardent, pensent à ce qu'ils voient et incorporent ce qu'ils ont appris dans leur propre comportement d'une façon qui a un sens pour eux. À cause de cela, même les erreurs et les comportements malsains des autres enfants peuvent fournir des leçons positives pour les plus jeunes. Les jeunes enfants parlent sans cesse de ce qu'ils aiment et de ce qu'ils n'aiment pas à propos des activités des plus vieux autour d'eux. Les modèles négatifs peuvent être aussi utiles que ceux positifs. « Je ne vais pas faire ce que X fait parce que je vois bien tous les troubles que cela lui a amenés. »


Les enfants apprennent aussi une quantité énorme simplement en écoutant ou en regardant par-dessus les épaules des plus vieux, même lorsqu'ils n'interagissent pas ensemble. En écoutant le langage et les pensées des enfants plus âgés, qui sont plus compliqués que les leurs, mais pas trop pour ne pas être hors d'atteinte, ils étendent leur propre vocabulaire et l'éventail de leurs pensées.


Les enfants les plus âgés sont aussi inspirés par les plus jeunes.


Ce n'est pas seulement les jeunes enfants qui voient leurs horizons s'étendre dans un environnement d'âge mixte. À Sudbury Valley, les enfants les plus âgés et les adolescents sont inspirés par les jouets et les actions des plus jeunes pour continuer à s'engager dans des activités qu'ils auraient probablement laissé tomber à la mi-enfance dans un environnement où les âges sont séparés.


Les enfants les plus âgés sont d'excellents aides et conseils pour les enfants plus jeunes, en partie parce qu'ils n'aident et ne conseil par trop.


Les enfants préfèrent souvent demander de l'aide ou un conseil à un enfant plus vieux qu'à un adulte, même lorsqu'un adulte est disponible et avec lequel ils pourraient parler facilement. Je soupçonne qu'il y a de nombreuses raisons à cela, mais une des raisons principale, je pense, est lié au contrôle.


Les enfants qui cherchent de l'aide ou un conseil ne souhaitent pas laisser tomber leur propre contrôle de la situation. Ils ne veulent pas davantage d'aide que ce qu'ils demandent et souhaitent choisir par eux-même si oui ou non ils acceptent ce qui est offert. Comme les adultes sont vraisemblablement vu davantage comme des figures d'autorités que le sont les enfants plus âgés, il est plus difficile pour eux de rejeter l'aide d'un adulte ou de s'en aller quand le conseil va au-delà de ce que l'enfant veut. De plus, dans mes observations, les enfants plus vieux vont fournir des conseils et de l'aide qui ne s'étendent pas plus loin, comme le font les adultes, que ce que le jeune enfant veux. Les enfants plus âgés ne se soucis pas du développement à long terme de l'enfant qui a demandé de l'aide ou de savoir si oui ou non ils viennent voir un enseignant et un guide merveilleux, ils donnent simplement l'aide qui a été demandé, ce qui est tout ce que veut l'enfant plus jeune.


Dans une des observations de Jay Feldman, par exemple, Sue qui a cinq ans a demandé à Anne qui a huit ans d'enfiler une aiguille sur un métier à tisser des perles qu'elle avait besoin pour compléter le bracelet qu'elle était en train de faire. [1] Après qu'Anne enfila l'aiguille, Sue continua son travaille d'elle-même sans recevoir davantage d'aide, et Anne n'en offrit pas, même lorsque Sue continua à avoir des difficultés avec le métier à tisser et qu'elle fit de nombreuses erreurs. Si Sue avait demandé à un adulte d'enfiler l'aiguille plutôt qu'à un enfant plus vieux, l'adulte aurait tourné autour de Sue et l'aurait aidé avec d'autres parties de son projet, ce qui aurait enlevé la fierté de Sue d'accomplir le travail par elle-même. Sue ne voulait clairement pas de cette aide supplémentaire, même si le projet était difficile pour elle, il était plus sécurisant de demander à une enfant de huit ans. [Note : Le nom des élèves dans cet exemple et les prochains sont des pseudonymes.]


Ici se trouve une leçon de valeur que nous les adultes pouvons apprendre des enfants à propos de l'aide et des conseils aux enfants : Ne donnez pas plus d'aide et plus de conseils que ce qui est demandé! En songeant à cela, la même leçon s'applique à l'aide et au conseil des adultes. Je sais que lorsque je demande de l'aide, je ne demande pas de la supervision. Je veux juste l'aide que j'ai demandé. Je veux faire le reste par moi-même, même si je ferais plus d'erreurs de cette façon. Un assistant trop zélé s'accapare de mon sens de liberté, d'auto-contrôle et de jeu.


Les enfants les plus âgés sont d'excellents enseignants pour les plus jeunes, en partie parce qu'ils ne sont pas trop éloignés des plus jeunes.


Daniel Greenberg a exprimé ce point dans un de ses livres concernant Sudbury Valley, où il écrit : « Les enfants aiment apprendre des autres enfants. Premièrement, c'est souvent plus facile. L'enfant enseignant est plus proche que ne l'est l'adulte d'un élève en difficulté, ayant rencontré ces même difficultés plus récemment. Les explications sont généralement plus simples, meilleures. Il y a moins de pression, moins de jugement. » [2]


Ce n'est pas seulement que les explications sont plus simples, mais comme elles viennent d'une personne ayant un âge plus proche, ils sont plus faciles à défier. Ils sont plus souvent vu comme des idées à penser plutôt que comme la Vérité, et la compréhension vient de cette pensée, non de l'acceptation aveugle. Voici un exemple d'une des observations de Jay Feldman :


Ed, un enfant de huit ans se plaignait à Arthur un enfant de quatorze ans à propos de deux autres garçons qui se moquait de lui en l'appelant par des noms qu'il n'aimait pas. Arthur a dit à Ed qu'il devrait amener sa plainte devant le comité judiciaire de l'école. Ed lui dit alors, « Ils ont la liberté d 'expression. » Arthur, après un petit temps à réfléchir, lui répondit que la liberté d'expression veut dire qu'ils ont le droit de dire ces choses, mais que Ed aussi a le droit de ne pas les entendre. Ed, après un petit temps de réflexion lui dit « Ok ». [3]


Remarquez que dans cet exemple Ed se sentait suffisamment égal à Arthur pour défier sa suggestion et que ce défi a conduit à une nouvelle idée. Remarquez aussi l'élégance du langage de cet échange. De grandes idées étaient exprimé avec de simple et peu de mots.


Les enfants les plus âgés étendent leurs propres compréhensions à travers les explications des jeunes enfants.


Tout le monde qui a été un enseignant sait que nous apprenons plus quand nous enseignons que lorsque nous sommes enseignés. La nécessité de mettre des idées en mots que d'autres peuvent comprendre, et le besoin de penser aux objections que les autres peuvent avoir nous conduisent à penser profondément à ce que nous pensions savoir. Souvent cela nous conduit à une meilleure compréhension que celle que nous avions avant. Dans un environnement où l'âge est mixte, les enfants et pas seulement les adultes, peuvent apprendre en enseignant.


Dans l'exemple-ci dessus, Arthur, l'enfant de quatorze, « l'enseignant » à probablement appris autant qu'Ed l'enfant de huit ans, « le protégé », dans leur conversation. Le défi d'Ed à la suggestion a conduit Arthur à penser davantage et d'étendre son explication d'une façon qu'il n'avait peut-être pas pensé avant. Les deux personnes sont probablement sorti de la conversation avec une compréhension plus profonde de la démocratie à l'école qu'ils n'en avaient avant.


Un autre exemple, envisageons le cas d'un enfant plus âgé jouant aux échecs ou un autre jeu de stratégie avec un plus jeune et enseignant des stratégies à mesure qu'ils jouent. Quand l'enfant plus âgé a dit au plus jeune que se déplacer de A serait un meilleur mouvement que celui de B, le plus jeune lui dit alors, « Pourquoi ? ». Pour répondre à cela, le joueur expérimenté ne peut pas seulement se fier à ses instincts développés par une longue expérience du jeu d'échecs mais doit articuler une raison. Il doit transformer sa connaissance implicite des échecs en une connaissance consciente et explicite et en faisant cela il devient un meilleur joueur d'échecs. Des exemples similaires prennent place dans tous les domaines d'échange de connaissances et d'idées parmi les personnes qui se sentent libres de poser des questions.


Les enfants les plus âgés développent une compassion et des compétences de soins et de soutien à travers l'aide qu'ils fournissent aux plus jeunes.


Ayant encore plus de valeur que les gains cognitifs qui dérivent des interactions entre les enfants plus jeunes sont les gains moraux. Pour développer efficacement des êtres responsable et éthique, les enfants ont besoin d'expérimenter le soin pour les autres, pas seulement l'expérience d'être soigné par les autres. Les observations dans de nombreuses cultures ont montré qu'à la fois les garçons et les filles se comportent de manière plus attentionnée envers les enfants qui ont plusieurs années de moins qu'eux-même qu'envers les enfants qui ont le même âge. Les petits enfants semblent révéler des instincts de soin qui restent cachés en chacun de nous. Une étude au Kenya a révélé que les garçons qui se sentent concerné par les jeunes frères et sœurs à la maison se comportent de manière moins agressive, plus gentille envers les partenaires du même âge que les garçons qui manquent de cette opportunité. [4] Apparemment, l'instinct de soin est renforcé par les interactions avec les enfants plus jeunes, et une fois renforcé, il se généralise vers les enfants du même âge.


Dans les observations à Sudbury Valley, de nombreux exemples d'enfants prenant soin de plus jeunes peuvent être observés tous les jours. Cela inclut des scènes où les enfants plus âgés lisent aux plus jeunes, qui s'assoient sur leurs genoux, des enfants plus vieux aidant les plus jeunes à trouver les objets perdus ou à fixer des choses qui ont été cassé, un enfant plus vieux qui donne la stimulation nécessaire à un plus jeune alors qu'ils vont réaliser leurs activités journalières. Certaines des scènes les plus intéressantes sont celles dans lesquels les enfants plus âgés critiquent un plus jeune pour son traitement médiocre envers une enfant encore plus jeune. Dans un cas, par exemple, nous avons observé une fille de dix ans expliquer à trois filles de six à huit ans pourquoi elles devraient laisser une fille de quatre ans les rejoindre dans leur jeu. « Comment vous sentiriez vous si vous n'étiez pas inclus vous-même ? » leur dit-elle. Dans un autre cas, nous avons observé un garçon de dix-sept ans réprimander un garçon de 13 ans sur sa méthode peu amicale de rejeter un garçon de huit ans qui demanda de jouer à un jeu avec lui. Les réprimandes que nous avons entendues dans ces exemples étaient beaucoup plus efficace venant d'un enfant plus âgé que si elles étaient venu de la part d'un adulte.
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(1) permet aux enfants plus jeunes de s'engager dans des activités collaboratives qu'ils ne pourrait pas entreprendre avec seulement ceux de leurs âges.
(2) encourage la non-compétitivité et la créativité de formes de jeux qui sont idéales pour acquérir de nouvelles compétences.
(3) permet à ceux qui sont en avance ou en retard dans certains domaines de trouver d'autres partenaires qui sont à leur niveau.
(4) permet en enfants plus jeunes d'être inspiré par les activités des plus âgés et vice-versa.
(5) permet aux enfants plus jeunes de recevoir de l'aide et des conseils sans laisser tomber leur propre autonomie.
(6) permet à des enfants plus âgés d'apprendre par l'enseignement.
(7) permet aux enfants plus âgés de pratiquer le soin pour les plus jeunes et de développer un sens de la responsabilité et de la maturité.
Quand nous séparons les enfants par groupes d'âge, dans les écoles ou dans les autres environnements, nous les privons de tout cela. Nous les dépossédons de l'opportunité d'utiliser entièrement leurs moyens naturels d'apprendre les uns des autres.
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Références
[1] Feldman, J. (1997). The educational opportunities that lie in self-directed age mixing among children and adolescents. Ph.D. dissertation, Department of Psychology, Boston College, 1997.
[2] Greenberg, D. (1987). Free at last: the Sudbury Valley School. Framingham, MA: SudburyValley School Press.
[3] Gray. P. & Feldman, J. (2004). Playing in the zone of proximal development: Qualities of self-directed age mixing between adolescents and young children at a democratic school. American Journal of Education, 110, 108-145.
[4] Ember, C. R. (1973).Feminine task assignment and the social behavior of boys. Ethos, 1, 424-439.

Publié le 24 Septembre 2008 par Peter Gray

mardi 19 août 2014

Libre d'apprendre BLOG10 : Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. Partie 2

Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. 
Partie 2 : Les qualités éducatives uniques de la mixité des âges dans le jeu.
La mixité des âges dans le jeu est plus ludique que le jeu entre personne du même âge.


Pendant une grande partie de l'histoire humaine, le jeu à presque toujours pris place dans des environnements où les âges étaient mélangés. Les fondations biologiques du jeu ont évolué pour servir des objectifs dans des configurations où l'enfant n'était presque jamais isolé par groupe d'âge. Les anthropologues qui ont étudié le jeu dans les groupes de chasseurs-cueilleurs ont rapporté que les groupes de jeux caractéristiques étaient compris d'enfants ayant entre quatre et douze ans, ou huit et dix-sept ans. Quand nous observons le jeu dans des configurations où les âge sont séparés (tel que dans les terrains de jeux des écoles) où les enfants de six ans ne peuvent jouer qu'avec les enfants de six ans, ou ceux de douze seulement du même âge, nous observons là un objet fabriqué par l'époque moderne. Apprendre par le jeu, pour un enfant se trouvant dans ce genre d'environnement et la même chose que l'apprentissage des singes enfermé dans une cage, nous observons les comportements dans des condition confiné, limité et non naturelle. Les singes en cage montrent davantage d'agressivité et de comportement de domination que le font les singes dans leur environnement sauvage, et la même chose est vraie pour les enfants qui sont dans des environnements favorisant l'isolement par groupe d'âge en comparaison à ceux qui sont dans des environnements mixtes.


Dans mon dernier acompte (lien), j'ai décrit la façon dont la mixité des âges dans le jeu permet aux plus jeunes de participer et d'apprendre des activités qui seraient trop difficiles à entreprendre par eux-mêmes seuls ou avec des partenaires du même âge. Dans cet acompte je commenterais sur quelques différences qualitatives que l'on observe entre le jeu ou les âges sont mélangés et ceux qui en le sont pas. Mon point est celui-ci :


La mixité des âges dans le jeu permet au jeu d'être moins compétitif, plus créatif et à conduire davantage à la pratique de nouvelles compétences que dans le jeu entre personnes du même âge.


La mixité des âges dans le jeu est, pour faire court, plus ludique que ne l'est le jeu entre personne du même âge. Quand les enfants qui sont pratiquement tous du même âge jouent à un jeu, l'esprit de compétition peut interférer avec la gaieté du jeu. Cela est particulièrement vrai dans notre culture actuelle, qui met surtout l'accent sur le plaisir de la victoire et insiste sur les formes de comparaison qui ont pour but de déterminer qui est le meilleur, cette accentuation est nourrie par le système scolaire compétitif basé sur le classement. En contraste, quand les enfants sont différents d'âges et jouent à un jeu ensemble, le centre d'attention se déplace de la lutte pour battre l'autre à celui de simplement s'amuser. Il n'y a aucun orgueil à gagner pour les enfants plus vieux, plus grands et plus compétents en battant les plus jeunes, et les plus jeunes n'ont pas l'objectif de battre les plus grands. Ainsi, ils jouent le jeu d'une manière plus jovial, d'une manière plus décontractée, modifiant les règles d'une manière à rendre le jeu à la fois amusant et plein de défis pour tous ceux qui participent. Un esprit ludique décontracté facilite grandement la créativité, l'expérimentation et l'apprentissage de nouvelles compétences tandis qu'un esprit sérieux tend à inhiber ceux-ci en menant une personne à se replier sur les compétences qui ont déjà été bien apprise (un point qui sera élargi dans un futur acompte).


Mes propres études systématiques des jeux d'âge mixte ont pris place principalement à l'école de Sudbury Valley, comme je l'ai indiqué dans des acomptes précédents, les élèves, qui ont entre quatre et dix-huit ans, interagissent les uns avec les autres librement selon leurs souhaits et à n'importe quel moment de la journée. Dans un essai qu'il a écrit il y a quelques années et après avoir été diplômé de Sudbury Valley, Michael Greenberg a décrit les parties de football entre personne d'âge différents. Je propose la vaste citation suivante qui illustre à la perfection les valeurs du jeu d'âge mixte.


« Une personne dit, ''Jouons au foot'' à d'autres personnes. Ceux qui se sentent de jouer à ce moment se réunissent sur le terrain. Il y a des enfants de six ans, dix ans et dix-huit ans, il y a même parfois un membre de l'école ou un parent qui se sent de joindre le jeu. Il y a des garçons et des filles. Les équipes sont choisies avec un effort conscient de créer deux côtés équilibrés. Ce qui consiste souvent en une équipe ayant un 'grand enfant' qui peut jouer assez bien et une autre équipe ayant une petite armée d'enfants de six ans qui pourront se mettre sur son chemin. Les gens veulent des équipes équilibrées car ils jouent pour rigoler. Ce n'est pas drôle de jouer à un jeu avec des équipes asymétriques. Le jeu est joué par ceux qui veulent jouer aussi longtemps qu'ils se sentent de jouer. Il y en a toujours certain qui donne de la valeur à la victoire, mais il y a peu de pression pour obtenir des performances. La plupart ne se soucis pas beaucoup de savoir qui va gagner.


« Maintenant, vous pourriez avoir l'impression que les personnes ne font pas beaucoup d'efforts pour être bon dans le jeu, mais ce n'est pas vrai. Le processus du jeu n'est pas seulement amusant si vous faites des efforts et vous défiez vous-même. C'est pourquoi les personnes ont développé l'idée de jeux tel que le football au commencement. Courir dans tous les sens sans raison devient vite ennuyeux, mais courir dans tous les sens pour taper dans un ballon et le mettre entre deux piquets gardés par une personne qui essaye de vous en empêcher, c'est excitant.


« Les personnes qui font du sport tel qu'on le pratique à l'école Sudbury Valley apprennent des leçons bien plus profonde à propos de la vie que celles qui sont enseignées dans les sports organisés pour la performance. Ils apprennent le travail d'équipe, pas le genre de travail en équipe qui nourrit le « nous contre eux », mais celui d'un groupe de personnes ayant des talents divers s'organisant eux-même à la poursuite d'une activité commune, le travail d'équipe de la vie. Ils apprennent l'excellence, pas le genre d'excellence « je suis une star » mais celle qui vient des critères établis par soi-même et que l'on essaye d'atteindre de son mieux.
« J'ai vingt-trois ans et j'ai beaucoup joué au foot. Ce serait idiot de ma part d'essayer d'être meilleur qu'un enfant de huit ans qui se bouscule dans mes jambes à chaque fois que j'essaye de frapper la balle. Je pense que l'enfant de huit ans est trop occupé à courir après les enfants qui sont plus grands qu'eux qu'ils ne sont occupé à essayer d'être le meilleur enfant de huit ans. Dans ce jeu, comme dans la vie réelle, le seul critère qui a de l'importance est celui que vous établissez pour vous-même. Une des vérités profonde que l'on apprend est que nous sommes tous différents les uns des autres et que la pression sur les partenaires et la comparaison des valeurs de chacun n'ont aucun sens. Si vous êtes un enfant de onze ans et que vous êtes avez seulement la permission de jouer avec des enfants de onze ans, il est très difficile d'avoir un aperçu de cette vérité qui déverrouille le sens de l'excellence.


« Vous apprenez aussi la responsabilité et la maîtrise de soi. Dans toutes ces années de jeu très physique comme le rugby, le football et le basket-ball, il n'y a jamais eu de blessures plus importantes qu'une simple coupure ou des bleus. Les personnes jouent à ces jeux dans leurs vêtements habituels sans aucun des critères de sécurité qui sont normalement requis. Comment pouvons-nous expliquer cela quand des personnes qui portent des protections arrivent à se blesser de manière fréquente ? Parce qu'ils sont organisés pour atteindre des performances dans le sport (comme dans la vie), s'assurer que l'on ne blesse personne est devenu moins important que la victoire. Ainsi peu importe de parler beaucoup de fair-play ou d'améliorer les protections à porter, les personnes continueront à se blesser. Quand vous approchez le sport (et la vie) d'une manière ludique, comme un processus excitant, comme quelque chose qui est fait pour la simple joie de le faire, alors ne pas blesser quelqu'un, ne pas altérer l'habileté de jouir de ce même processus devient la priorité supérieure.


« Participer à une activité ou l'affrontement de corps inégaux qui se transforment par le travail d'équipe en une poursuite de l'excellence personnelle, de la responsabilité et de la maîtrise de soi et en une union commune d'âmes égales à la poursuite d'une expérience pleine de sens a été pour moi l'expérience la plus profonde de ma vie. Je suis sûr que cela à eu un effet similaire sur les autres. » [1]


Dans nos observations systématiques à Sudbury Valley (noté dans un acompte précédent), Jay Feldman et moi-même avons enregistré des événements de jeu d'âge mixte montrant de nombreuses similitudes avec la description de Michael Greenberg. Dans un cas, par exemple, Feldman a regardé un grand garçon de quinze ans jouer du basket-ball avec un groupe d'enfants plus jeunes, de huit à dix ans. L'enfant plus âgé ne lançait pas souvent la balle au panier, mais sembler passer le plus clair du temps à dribbler tandis que la bande de plus jeunes garçons qui constituait l'équipe opposée essayait de lui prendre la balle. Alors il la passait à son seul coéquipier (de huit ans) et l'encourageait à tirer au panier. En dribblant et en faisant des passes plutôt que de tirer, l'enfant plus âgé rendit le jeu amusant et plein de défis, non pas seulement pour les enfants plus jeunes mais aussi pour lui-même. Lancer le ballon dans le panier est trop simple pour être amusant quand personne n'est assez grand pour parer ses tirs, mais dribbler tout un groupe de petites personnes qui essayent de lui voler la balle est un moyen génial, drôle d'améliorer le dribble. Ici est un autre exemple, cité d'un de nos articles, qui illustre la créativité, et la nature légère du jeu athlétique des âges mixtes :


« Dans un jeu de capture de drapeau où les âges sont mixtes, une équipe, les « Grandes Personnes », consistait de trois adolescents et un enfant de onze ans, l'autre équipe, la « Horde », consistait de dix enfants de quatre à huit ans et un de douze ans. Larry (4 ans) se met souvent à courir dans le camp adverse et se fait capturer par Sam (17 ans) dans une scène qui comporte un grand nombre de chatouilles tout en soulevant Larry dans une parodie de combat. Après que Larry soit reposé, il sautille joyeusement jusqu'à son camp sans passer par la prison. Souvent une ou plusieurs des Grandes Personnes traverse le territoire de la Horde, pas pour aller capturer le drapeau mais simplement pour courir de tous les côtés avec une bande de petits enfants leur courant après. Personne ne semble véritablement focalisé sur la victoire, mais quand la Horde capture finalement le drapeau, ils se mettent à exprimer leur joie avec éclat. » [2]


De la même façon, les jeux de plateaux et de cartes sont joué de manière plus jovial, créative et d'une manière non compétitive quand l'âge des joueurs varie largement que lorsqu'il est d'âge égal. Feldman a observé de nombreux jeux d'échecs, qui apparaissent être à la mode au moment de sa recherche. Les jeux joués par des joueurs équitablement équilibrés tends à être particulièrement sérieux, les joueurs semblent participer pour la victoire. Les jeux entre joueurs déséquilibrés, qui généralement diffère largement en âge, étaient plus créatif et léger. Pour rendre le jeu intéressant, les joueurs plus âgés se rajoutent généralement des handicaps à eux-même pour se mettre délibérément dans des situations difficiles et montreraient de meilleurs mouvements aux joueurs les plus jeunes. Les plus vieux joueurs semblaient utiliser de tels jeux pour expérimenter de nouvelle façon de jouer qu'ils n'étaient pas vraiment prêts à essayer dans un jeu plus sérieux.


Certaines des parties de jeux les plus créatives et joyeuses dont j'ai été témoin impliquait des adolescents et de jeunes enfants engagés ensemble dans le partage d'un jeu fantaisiste. Voici une autre citation décrivant une telle scène que j'ai observée il n'y a pas si longtemps :


« J'étais assis dans la salle de jeu à l'école Sudbury Valley à prétendre que je lisais un livre tout en observant furtivement une scène remarquable. Un garçon de treize ans et deux autres de sept ans était en train de créer pour leur propre divertissement une histoire fantastique mettant en scène des personnages héroïques, des monstres et des batailles. Les enfants de sept ans criaient avec joie les idées qui leur passaient par la tête à propos de ce qui se passerait par la suite, tandis que l'enfant de 13 ans, en artiste excellent, traduisait les idées en une histoire cohérente et dessinait les scènes sur le tableau noir à peu près aussi rapidement que le jeune enfant pouvait les décrire. Le jeu continua pendant au moins une demi-heure, ce qui était la durée que je me permis à regarder avant d'aller ailleurs. Je me sentis privilégié de jouir d'une création artistique qui, je le sais, n'aurais pas pu être produite par un enfant de sept ans seul et presque certain qu'il n'aurait pas pu être produit par des enfants de treize ans seul. L'enthousiasme sans limites et les images créatives des enfants de sept ans que j'ai observé, combiné avec la narration avancée et les habiletés artistique de l'enfant de 13 ans avec lequel ils ont joué a fourni le mélange chimique idéal pour que cette explosion créative prenne place. » [3]


La mixité des âges est parfois un moyen pour faire correspondre les capacités.


Mon intérêt principal dans cet essai a concerné la valeur du jeu parmi les personnes ayant des capacités inégales. Toutefois, avant de fermer le sujet, je voudrais ajouter que le jeu librement choisi parmi les personnes ayant des capacités relativement égales a aussi de la valeur. En général, les enfants qui ont un âge similaire ont davantage d'habileté que ceux qui ont des âges différents, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans certains environnements où les âges sont mélangés, une personne qui a de l'avance ou du retard par rapport à ceux de son âge dans certains domaines d'activité peut trouver des partenaires égaux parmi les enfants plus vieux ou plus jeunes. L'enfant qui est maladroit dans l'escalade peut jouer à grimper sur les rocher et aux arbres avec les enfants plus jeunes sans se sentir constamment laissé derrière, et de cette façon il peut améliorer ses capacités d'escalade. Le joueur de onze ans talentueux à la guitare qui a des habiletés musicales est bien au-delà des capacités de ceux de son âge, il peut faire des petits concerts avec les adolescents qui sont à son niveau.


Feldman a observé un certain nombre d'exemples de ces élèves de l'école Sudbury Valley qui était avancé pour leur âge dans leurs habiletés et allait jouait fréquemment avec des enfants plus âgés. Un exemple est celui de Randy qui avait 12 ans, un excellent joueur d'échecs qui participa à des tournois et entra dans des classements officiels. Ses seuls partenaires de jeu à l'école étaient Jack (17 ans), Elana (17 ans) et Ken (18 ans). Tous ses jeux sérieux, qui concernaient la mesure de ses propres progrès, étaient avec ses élèves plus âgés. Il pouvait pratiquer de nouveaux mouvements dans le jeu avec ses camarades de son âge et des enfants plus jeunes, mais il se testait lui-même au jeu avec des élèves qui avait cinq à six ans de plus que lui-même.


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J’apprécierais de vous entendre à propos de souvenirs de jeux d'âge mixte, ou des observations d'enfant jouant que vous connaissez, dans vos commentaires dans la section ci-dessous. Dans mon prochain acompte, la semaine prochaine, je décrirais par quels moyens les enfants plus âgés servent de modèles, d'enseignants et de conseillers naturels pour les plus jeunes.
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Références
1. Greenberg, M. (1992). On the nature of sports at S.V.S. and the limitations of language in describing S.V.S. to the world. In D. Greenberg (Ed.), The Sudbury Valley School experience, 3rd ed. Framingham, MA: Sudbury Valley School Press.
2. Gray, P. & Feldman, J. (2004). Playing in the Zone of Proximal Development: Qualities of Self-Directed Age Mixing Between Adolescents and Young Children at a Democratic School. American Journal of Education, 110, 108-145.
3. Gray, P. The value of age-mixed play. Education Week, April 16, 2008.

Publié le 17 Septembre 2008 par Peter Gray

lundi 18 août 2014

Libre d'apprendre BLOG09 : Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. Partie 1

Pourquoi devrions nous arrêter d'isoler les enfants par groupe d'âge. 
Partie 1 : la valeur du jeu dans la zone proximale de développement
La séparation par groupe d'âge interfère avec le moyen naturel d'apprentissage chez l'enfant.

Un des aspects les plus étranges, selon moi, qui est le plus nuisible dans la façon dont l'on traite les enfants aujourd'hui est ce penchant à les isoler en les séparant par groupe d'âge. Nous faisons cela, non seulement dans les écoles, mais aussi de plus en plus dans les environnements extérieurs à l'école. En faisant cela, nous privons les enfants d'un constituant de grande valeur à leur auto-éducation naturelle.

La méthode scolaire d'isolement par âge est devenue dominante à peu prêt au même moment de l'histoire quand la mode des chaînes d'assemblage en usine devint dominante. L'analogie implicite est plutôt évidente. Le système scolaire à classement traite l'enfant comme s'ils étaient des objets sur une chaîne d'assemblage, qui se déplace en s’arrêtant d'un arrêt à un autre (d'un niveau à un autre) le long d'un tapis roulant, à une vitesse constante. À chacun des arrêts, un ouvrier d'usine (un enseignant) ajoute de nouveaux composants (unité de connaissance) au produit. À la fin de la chaîne, l'usine recrache un être humain neuf et adulte, tout construit selon les spécifications de l'industriel (les éducateurs professionnels).

Bien sur, toute personne qui a déjà eu un enfant ou qui les connaît, ce qui inclut tous ceux qui travaillent dans nos écoles de séparation par âge et niveaux savent que ce point de vue d'une chaîne d'assemblage dans le développement de l'enfant est complètement fausse. Les enfants ne sont pas des produits passifs auxquels nous pouvons ajouter des composants. Les enfants ne sont pas des adultes inachevés qui ont besoin d'être construit petit à petit en suivant un ordre d'étapes logique. Les enfants sont des êtres humains complets de leur propre droit, qui demandent constamment à contrôler leur propre vie et qui, en dépit de ce que nous les faisons traverser, insistent à apprendre ce qu'ils veulent apprendre et pratique les compétences qu'ils veulent pratiquer. Nous ne pouvons pas les arrêter. Il serait bien préférable que nous soyons capables d'aller dans leur sens plutôt que de nous y opposer.


Dans les acomptes précédents j'ai décrit l'environnement dans lequel les enfants s'éduquent par eux-même, sans la direction ou l'encouragement des adultes. En particulier, j'ai discuté de l'auto-éducation qui avait lieu dans les groupes de chasseurs-cueilleurs (lien) et comme elle se déroule dans les écoles d'aujourd'hui conçu spécialement pour l'auto-éducation, comme l'école de Sudbury Valley (liens). Une fonction connue de ce genre d'environnement est de permettre à l'enfant d’interagir avec les autres dans un large éventail d'âges. Les anthropologistes ont affirmé que le mélange libre des âges est la clé à l'auto-éducation des enfants chasseurs-cueilleurs et Daniel Greenberg a longtemps affirmé que le mélange libre des âges est la clé de l'auto-éducation à l'école Sudbury Valley qu'il a aidé à fonder [1].

Il y a quelques années, Jay Feldman (qui était alors un étudiant diplômé travaillant avec moi) et moi-même avons conduit quelques études sur les interactions qui prennent place dans le mélange des âges à l'école Sudbury Valley dans le but de (a) déterminer à quel point ce mélange se mettait en place à l'école, (b) identifier le contexte dans lequel le mélange des âges se met en place et (c) identifier les moyens par lesquels le mélange des âges contribue à l'auto-éducation.

Quand on leur en donne la possibilité, les enfants passent un temps considérable à interagir avec les autres qui sont plus vieux et plus jeunes qu'eux-même.

Sudbury Valley a, à tout moment, approximativement entre 170 et 200 élèves, qui sont âgés sur une échelle de 4 à 18 ans et parfois plus vieux. Les élèves peuvent se déplacer librement à tout moment sur le site et à l'intérieur des bâtiments de l'école et peuvent interagir avec quiconque leur plaît. L'école est suffisamment grande pour permettre, si les élèves le choisissent, d'interagir avec seulement ceux qui ont une ou deux années de plus qu'eux. Mais ils ne le font pas. Dans notre étude quantitative nous avons découvert que plus de la moitié (50%) des interactions sociales des élèves à l'école étaient avec d'autres élèves qui étaient vieux de plus de deux ans et plus jeunes qu'eux, et 25 % de leurs interactions était avec d'autres élèves qui étaient vieux de plus de quatre ans ou plus jeunes qu'eux [2]. Le mélange des âges est particulièrement fréquent pendant le jeu. Le jeu actif de toute sorte entrainait plus souvent le mélange des âges que le font les conversations qui n'impliquent pas le jeu.

Durant les prochains acomptes de ce blog, je discuterais des avantages variés d'un environnement d'auto-éducation qui mélange les âges, en utilisant des exemples de nos observations à l'école Sudbury Valley [3]. Un avantage clair et qui est le sujet de ce présent acompte est celui-ci :

Le mélange des âges permet aux enfants plus jeunes se lancer et d'apprendre des activités qu'ils ne pourraient pas faire seul ou avec seulement ceux du même âge.

Dans les années 1930, le psychologue du développement Russe Lev Vygotsky développa un concept qu'il appela la zone proximale de développement, qui peut se définir comme le royaume d'activités que l'enfant peut accomplir en collaboration avec des personnes ayant davantage de compétences mais qu'il ne peut accomplir seul ou avec ceux qui sont au même niveau que lui-même [4]. Vygotsky déclara que les enfants apprennent mieux quand ils sont en relation avec d'autres personnes se trouvant dans leurs zones proximales de développement. Depuis l'époque de Vygotsky, les professeurs d'éducation ont utilisé les concepts de Vygotsky pour décrire l'interaction entre l'adulte enseignant et le jeune étudiant, mais le concept s'applique bien mieux, je pense, à ce qui se déroule naturellement dans les interactions entre enfants d'âges différents.

Comme illustration (Que j'ai déjà utilisé ailleurs), imaginez deux enfants de quatre ans qui essayent de jouer à un simple jeu qui consiste à attraper quelque chose en vol [5]. Ils ne peuvent le faire. Aucun des enfants ne peut lancer une balle suffisamment droite pour que l'autre puisse l'attraper, du coup le jeu perd de son intérêt et est ignoré rapidement. Maintenant imaginez un enfant de quatre ans jouant au jeu avec un enfant de huit ans ayant plus de compétences au lancé. L'enfant plus vieux, qui plonge et saute peut attraper la balle sauvage du plus jeune et peut s'amuser à le faire, de la même façon, l'enfant plus vieux peut lancer la balle directement dans les mains tendues du plus jeune, ainsi celui-ci peut expérimenter la joie de réussir à attraper. Ainsi, le jeu de lancer et attraper est un jeu qui se trouve dans la zone proximale de développement de l'enfant de quatre ans. Dans un environnement d'isolement par groupe d'âge consistant seulement d'enfants de quatre ans, ce jeu ne serait pas possible, mais dans un environnement d'âges mélangés qui inclut la présence d'enfants de huit ans aussi bien que d'enfants de quatre ans, le jeu se trouve dans le royaume des possibilités de chacun.
À n'importe quel moment de la journée à Sudbury Valley vous pouvez trouver de jeunes enfants jouant à des jeux, avec des enfants plus âgés, avec lesquels il ne serait pas possible de jouer avec seulement ceux de leur âge. Cela inclut aussi bien des jeux intellectuels qu'athlétique. Ils jouent ensemble non pas parce que quelqu'un leur demande, mais parce que c'est ce qu'ils souhaitent. Les enfants les plus jeunes sont attirés par les activités et les personnalités des plus vieux, et les enfants plus âgés aiment les opportunités d'interagir avec ceux plus jeunes.

Voici un exemple de jeu intellectuel se trouvant dans la zone proximale de développement. Dans de nombreux cas nous avons observé des enfants de sept, huit ans jouer des jeux de cartes compliqués en groupe avec des enfants plus vieux et adolescents. Par eux-même, les enfants de sept, huit ans ne seraient pas capables de jouer à de tels jeux. Ils ne seraient pas capables de garder leur attention concentrée suffisamment longtemps ou ne pas perdre les règles ou même maintenir les cartes suffisamment droite pour que les autres joueurs ne les voient pas. Ils peuvent jouer ces jeux avec de plus vieux enfants car les plus vieux les maintiennent sur les rails, leur rappelant quand cela est nécessaire de ce qu'ils ont à faire, et parfois leur donner des conseils stratégiques : ''Fais attention !'' ''Essaye de te souvenir quelle carte a été joué.'' ''Pense avant de déposer ta carte de manière à ne pas te la faire prendre par un autre joueur.'' L'attention, la mémoire et la préméditation sont des éléments de ce que nous appelons communément l'intelligence. Dans ce processus du jeu des cartes, qu'ils pratiquaient seulement pour l'aspect amusant, les enfants plus âgés aident de manières secondaires les plus jeunes à développer leur propre intelligence.

Le concept de Vygotsky nous aide aussi à comprendre comment les enfants plus jeunes apprennent à lire à l'école Sudbury Valley. Les enfants qui ne peuvent pas lire, ou ne peuvent pas lire assez bien, peuvent être régulièrement trouvé à jouer des jeux (et particulièrement des jeux ordinateurs) qui impliquent le mot écrit avec des enfants qui savent écrire assez bien. Le lecteur lit à voix haute ce que les autres ne savent pas lire, et dans ce processus les non-lecteurs deviennent petit à petit les lecteurs eux-mêmes.

Le mélange des âges permet aux jeunes enfants de s'engager dans des aventures ludiques qui seraient trop dangereuses pour eux à pratiquer seul ou avec seulement ceux de leur âge. Les enfants qui seraient trop effrayés, à juste raison, de s'aventurer dans les bois par eux-même se sentiront en sécurité de le faire parmi des enfants plus âgés qui connaissent les bois. De la même façon, les jeunes enfants qui découvrent pour la première fois l'escalade des arbres se sentiront en sécurité en s'aventurant sur les branches les plus basses si les plus grands sont en dessous d'eux, leur conseillant comment faire et prêt à les rattraper s'ils tombent.

Quand vous êtes petit et seulement avec des enfants de votre propre âge, l'éventail des activités possible est limité à la connaissance et aux habilités de ceux qui sont dans votre groupe d'âge, mais en collaboration avec des enfants plus âgés il n'y a pratiquement aucune limite à ce que vous pourriez faire !

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Dans le prochain acompte je décrirai plus les avantages d'un environnement éducatif qui mélange les âges, ce qui inclut les avantages pour les enfants plus âgés aussi bien que ceux plus jeunes. En même temps, j'aimerais entendre de vous concernant des exemples de vos souvenirs d'enfance concernant l'apprentissage parmi des groupes d'âge mixtes ou que vous avez observé chez les enfants que vous connaissez. S'il vous plaît incluez vos commentaires ci-dessous.

Références :

1. Greenberg, D. (1992). Sudbury Valley's secret weapon: Allowing people of different ages to mix freely at school. In D. Greenberg (Ed.), The Sudbury Valley School experience, 3rd ed. Framingham, MA: Sudbury Valley School Press.
2. Gray, P. and Feldman, J. (1997). Patterns of age mixing and gender mixing among children and adolescents at an ungraded democratic school. Merrill-Palmer Quarterly, 43, 67-86.
3. Gray, P. and Feldman, J. (2004). Playing in the Zone of Proximal Development: Qualities of Self-Directed Age Mixing Between Adolescents and Young Children at a Democratic School. American Journal of Education, 110, 108-145.
4. Vygotsky, L. (1978). Interaction between learning and development. In M. Cole, V. John-Steiner, S. Scribner, and E. Souberman (Eds), Mind and society: the development of higher psychological processes. Cambridge, MA: Harvard University Press.
5. Gray, P. The value of age-mixed play. Education Week, April 16, 2008.



Publié le 9 Septembre 2008 par Peter Gray