La
valeur du jeu 3 : Comment les enfants se confrontent aux défis
de la vie
Même
dans le pire environnement, les camps de la mort Nazis, les enfants
jouaient.
L'extraordinaire
pulsion des enfants à jouer n'est pas là pour leur fournir des
temps de récréation et de loisirs. Elle est là pour une raison
bien plus sérieuse que cela. Elle est là pour les aider à
survivre. À travers l'histoire humaine et la préhistoire, le jeu a
été le moyen principal de l'enfant pour acquérir les
connaissances, les valeurs et les aptitudes dont ils avaient besoin
pour survivre à l'intérieure de leur culture. Les enfants ne jouent
pas pour éviter les réalités de la vie, ils jouent aux réalités
de la vie. En faisant cela ils arrivent à saisir ces réalités
d'une manière physique, intellectuelle et émotionnelle.
Dans
les essais précédent
de ce blog, j'ai décris comment l'enfant joue à s'exercer et à
construire ses capacités pour le langage, le raisonnement, la
locomotion, la construction de choses et à entrer en relation avec
les autres (voir particulièrement le texte sur la variété de
jeux). J'ai décris ici le jeu de manières qui ne contredisent pas
les images joyeuses que nous avons des enfants qui jouent à leurs
activités préférées
dans des environnements sains. Mais le jeu n'est pas simplement là
pour s'adapter à un environnement sain. Le jeu aide l'enfant à se
confronter
et interpréter
les horreurs de leur monde et du notre, lorsqu'ils sont au contact de
ces horreurs.
Nous
aimerions penser aux
enfants comme des êtres doux et innocent. Dans un monde idéal, où
les adultes seraient entièrement doux et innocents,
les enfants pourraient l'être. Mais le monde n'est pas idéal, et
les enfants qui grandissent protégé des réalités de
l'environnement, où
ils
doivent
éventuellement
faire leur chemin, seraient mal préparé pour cet environnement.
Il
n'y a rien d'étonnant à ce que l'enfant résistent à l'accolade
protectrice bienveillante des adultes, ils combattent la détention
qui a pour objectif de les garder sur un terrain idyllique pour
s'aventurer à l'extérieur, toutefois et quand ils le peuvent, ils
font l'expérience du monde réel autour d'eux et l'incorpore à leur
jeu. Ils savent bien mieux que nous ce qui est bon pour eux.
L'évidence
de cela la plus dramatique que je connaisse concerne les enfants qui
ont une pulsion à embrasser les pires horreurs de leur environnement
à travers le jeu est trouvé dans un livre remarquable de George
Eisen, publié il y a vingt ans, qui s'intitule, « Les enfants
et le jeu pendant l'holocaust ». On y trouve ici deux concepts
qui se trouvent aux deux extrémités du spectre émotionnel de
chacun, l'holocaust nazi et le jeu de l'enfant.
Il
est choquant de voir les deux, l'un à côté de l'autre dans le
titre d'Eisen.
Et pourtant, comme nous l'explique Eisen à travers le livre, les
enfants enfermés
dans les ghettos et les camps de concentration Nazie
ont joué, du moins brièvement, jusqu'à ce qu'ils soient
assassinés.
Ils ont joué non pas parce qu'ils étaient inconscients
des horreurs qui les entouraient.
Ils
n'ont
pas
utilisé
le jeu
comme un moyen de nier ces horreurs ou de détourner
leurs attentions
d'eux-même.
Mais
plutôt, ils ont joué pour que cela les aide à comprendre, à
confronter et à un certain niveau, faire face de manière efficace à
ces horreurs. La preuve d'Eisen vient de journaux et de témoignage
de survivants. Dans les ghettos, la première étape de concentration
avant d'être envoyé dans des camps de travail et d'extermination,
les adultes ont tenté de préserver leurs enfants en les faisant
jouer aux mêmes petits jeux innocents qu'ils avaient l'habitude
avant les camps, mais les enfants par eux-même ont joué à des jeux
qui s'adaptaient à leur milieu.
Ils
jouaient à des jeux de guerre, ils jouaient, à « l'explosion
de bunkers », au « massacre », au « ramassage
de vêtement sur les morts » et à des jeux de résistance. À
Vilna, les enfants juifs jouaient aux « Juifs et à la
Gestapo » dans lesquels les Juifs finissent par vaincre leurs
bourreaux et les battent avec leurs propres fusils (des bâtons).
Même
dans les camps d'extermination, les enfants qui étaient encore en
bonne santé pour se déplacer, jouaient. Dans un camp ils jouaient
un jeu appelé « chatouiller le corps ». À
Auschwitz-Birkenau
ils se mettaient au défi les uns les autres de toucher les clôtures
électriques. Ils jouaient à « la chambre à gaz », un
jeu dans lequel ils lançaient des cailloux
dans une fosse et imitaient les cris de personnes mourantes.
Ils
inventèrent un jeu appelé klepsi-klepsi, un terme commun pour
voler, qui imitait l'appel quotidien dans le camp. Un partenaire de
jeu avait les yeux bandés,
et les uns les autres me mirent devant lui et le frappaient
fort au visage, et ensuite, lorsque le bandeau lui fut enlevé, celui
qui a été frappé devait deviner, à partir des expressions
faciales
ou
d'autres preuves,
qui sont
ceux
qui l'avaient
frappé.
Pour
survivre à Auschwitz, on devait être un expert au mensonge, par
exemple, pour voler du pain ou pour connaître des plans d'évasions
ou de résistances
sans se dévoiler. Klepsi-klepsi semble être une pratique de cette
aptitude.
Dans
le jeu, que ce soit ces jeux doux que nous aimons imaginer ou le jeu
décrit par Eisen, l'enfant amène les réalités de leur monde dans
le contexte fictionnel, ou il est sécurisant de regarder ces
réalités dans les yeux, de les confronter, de les expérimenter et
de les mettre en pratique comme un moyen de leur faire face.
Certaines personnes pensent que les jeux violent crée des adultes
violent, mais en réalité, c'est l'opposé qui est vrai. Les adultes
violents amènent les enfants à avoir besoin de jeux violents pour
faire face à leur réalité.
La
violence dans le monde adulte amène naturellement les enfants
à jouer à la violence. Comment pourraient-ils sinon se préparer
émotionnellement, intellectuellement et physiquement pour cette
réalité ? Il est faux de penser que l'on réforme le monde, le
futur en contrôlant
le jeu des enfants et en contrôlant
ce qu'ils apprennent. Si nous voulons reformer le monde, nous devons
réformer le monde et les enfants suivront. Les
enfants
doivent
se
préparer,
et se prépareront eux-même pour le monde réel dans lequel ils
doivent faire tout leur possible pour survivre. Essayons de faire de
ce
monde, en
réalité et non pas dans l'imaginaire, aussi joyeux qu'il soit
possible.
Publié
le 16 Décembre 2008 par Peter Gray, Traduit le 10 Avril 2015 par
Michaël Seyne
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